"Il n'y aura pas de grand soir" : le PDG de Total prévient que l'énergie fossile a de beaux jours devant elle


04/06/2020 à 15:21

Le secteur pétrolier produira encore 50 millions de barils par jour en 2050, assure-t-il.

PAtrick Pouyanné à Nersac, le 30 janvier 2020. ( AFP / LUDOVIC MARIN )"Les écologistes pensent qu'on aura tout changé en 2025 ou en 2030", mais ça n'arrivera pas, a assuré jeudi 4 juin le PDG de Total, Patrick Pouyanné. Il estime que le monde va encore avoir besoin du pétrole pendant des décennies.

L'accord de Paris sur le climat constitue "une référence" mais "le vrai débat, c'est le timing : il n'y aura pas de grand soir ", estime le patron du géant pétrolier et gazier dans un entretien au Monde. "Les écologistes pensent qu'on aura tout changé en 2025 ou en 2030. Mais il est impossible de bouger la demande en énergie, qui est aujourd'hui à 80% fossile, aussi rapidement", selon lui.

"Le GIEC [Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat] évoque une division par deux des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 si l'on veut maintenir le réchauffement à 1,5°C, mais cela n'arrivera pas si vite. La planète n'est pas capable de changer du jour au lendemain" , ajoute Patrick Pouyanné.

Sous la pression des investisseurs


Il reprend ainsi des arguments qu'il a souvent évoqués, alors que son entreprise -comme certains concurrents- est sous une pression croissante de la société civile mais aussi d'investisseurs pour faire davantage contre le réchauffement climatique. Lors de l'assemblée générale de Total fin mai, une résolution portée par onze investisseurs pour contraindre le groupe à des objectifs climatiques plus ambitieux a été rejetée, mais a reçu le soutien de près de 17% des actionnaires.

Total estime que la demande pétrolière "atteindra un plateau vers 2030 , notamment parce que l'Europe et la Chine auront basculé vers le véhicule électrique", indique Patrick Pouyanné.

"Dans un monde à 2°C, on produira encore 50 millions de barils par jour à horizon 2040-2050 [contre 100 millions avant la pandémie]. Le monde a donc besoin de pétrole", juge-t-il, même si "on finira par sortir du pétrole".

Dans son scénario compatible avec l'Accord climat de Paris, qui vise à maintenir le réchauffement bien en dessous de 2°C voire 1,5°, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime pour sa part que la demande pétrolière doit commencer à baisser dès ces prochaines années, vers 2022.

N.D.L.R  : En 2019, le secteur pétrolier frôlait les 100 Millions de Barils produits par jour. TOTAL prévoit donc la possible division par deux de la production mondiale d'ici 2050. Ce qui serait une TRANSITION une TRANSFORMATION VERTIGINEUSE ! avec des impacts majeurs sur nos habitudes de vie.

La production de pétrole conventionnel a déjà atteint son plateau depuis 10 ans. Elle a été compensée jusqu'à aujourd'hui par la production de pétrole de Schiste US et CN qui donne des signes de faiblesse.


Ce qui va baisser, ce n'est pas la demande, c'est l'offre.
Le pétrole abondant et pas cher, c'est donc fini !

TOTAL et les autres Majors doivent effectivement trouver d'autres débouchés énergétiques. Contrairement au titre de l'article, l'industrie de l'énergie fossile entre dans une décroissance majeure et NOUS, Européens et Français, devons rechercher la transition vers  d'autres sources d'énergie et en premier lieu vers des  économies.

C'est en théorie le rôle de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) et de la Programmation Pluriannuelle de l'énergie (PPE).