Les armées du monde affrontent un nouvel ennemi : le changement climatique

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 N.D.L.R. Les états ont compris, puisque les armées se préparent. 

Elles sont en première ligne pour lutter contre le changement climatique. Les armées du monde, dont l'objectif est d'assurer la sécurité et la paix, doivent faire face à ce nouveau contexte qui rend leurs opérations plus dangereuses et plus incertaines. Sans compter que les forces armées sont également directement touchées par les catastrophes naturelles qui détruisent leurs infrastructures.

Arme e changement climatique pixabay
Les institutions militaires sont de plus en plus préoccupées par le changement climatique.
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Le changement climatique est en train de provoquer de profondes mutations dans les stratégies de défense des nations de la planète. Déplacements de populations, catastrophes naturelles, émeutes… Les armées sont en première ligne face à cette crise. D’où l’appel lancé le 27 septembre par le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg : "L'Otan doit être prête à réagir aux catastrophes liées au climat, tout comme nous l'avons fait pendant la crise du COVID-19", écrit-il dans une tribune publiée dans le journal allemand Die Welt. "Le changement climatique rend le monde plus dangereux. La tâche de l'Otan est de préserver la paix et d'assurer notre sécurité."

Conscient que les armées doivent s’adapter à ce contexte, un Conseil militaire international sur la sécurité et le climat (IMCCS), représentant 31 nations, a été créé en février 2019. Pour la première fois cette année, ce nouveau réseau, composé de hauts responsables militaires, a publié un rapport portant notamment sur les principaux risques. Les experts notent ainsi que l'accès à l'eau potable est déjà un facteur d’instabilité notable et qu’elle posera un problème important de sécurité mondiale d’ici 2030.

"Le changement climatique est porteur de risques importants pour la sécurité mondiale, qui pourraient devenir catastrophiques au cours des deux prochaines décennies", a affirmé le Général Tom Middendorp, Président de l’IMCCS. "De plus en plus de décideurs militaires tirent la sonnette d’alarme. Il n’y a pas que les environnementalistes. La communauté de la sécurité a donc la responsabilité de se préparer à ces menaces et de les prévenir".

Des bases aériennes détruites par les catastrophes climatiques

D’autant que les infrastructures militaires ont déjà été touchées par le changement climatique. La base aérienne de Tyndall en Floride a été complètement soufflée par l’ouragan Michael en 2018. Cette destruction, en termes de pertes matérielles, a été pire que toutes les attaques subies au Moyen-Orient, a calculé Nbcnews. Quelques mois plus tard c’était la base aérienne d’Offutt, dans le Nebraska qui prenait l’eau après avoir été inondée par le fleuve Missouri. Récemment, les incendies qui ont ravagé la Californie ont forcé le personnel de la base aérienne Travis à évacuer la zone. 

"Il est frappant de constater que le changement climatique n’a pas seulement des implications pour les missions militaires à l’étranger et l’analyse des menaces, mais sape aussi directement les capacités militaires dans les pays, en raison de la nécessité d’agir plus souvent en tant que premiers intervenants en cas de feux de forêt, d’inondations, de tempêtes… Les militaires doivent aussi se protéger contre le climat", fait valoir Louise Van Shaik, membre du comité exécutif de l’IMCCS. 

Militarisation des sociétés 

Si les institutions militaires semblent de plus en plus préoccupées par la lutte contre le changement climatique, les experts déplorent le manque de coopération nécessaire entre les nations. Il s’agit, pour chaque pays, de protéger sa population. Un rapport du ministère de la défense britannique, révélé par le média Vice, appelle ainsi "à un programme massif de nouvelles interventions militaires britanniques en réponse à un scénario d'accélération des crises climatiques dans le monde".

Il ne s’agit pas seulement de soutien direct aux populations affectées par le changement climatique, mais aussi d'être présent dans des endroits géostratégiques d’avenir comme l’Arctique et le Grand Nord. Le but serait d’éviter des pénuries de ressources comme le gaz, le pétrole et quelques terres rares. Alors, au lieu de lutter directement contre le réchauffement climatique en limitant les émissions de gaz à effet de serre, les États miseraient sur une conquête des ressources fossiles par l’armée.

Marina Fabre, @fabre_marina


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