Synthèse et analyse du nouveau rapport du GIEC

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nouveau rapport du GIEC

Après plusieurs années d’attente (7 exactement), le nouveau rapport du GIEC est enfin sorti !

Le rapport du Groupe de travail I (WGI) est la plus grande mise à jour de l’état des connaissances scientifiques et de la compréhension physique sur le climat depuis la publication du rapport AR5 (WG1 en 2013), et son rapport spécial 1.5 (SR1.5). Il combine plusieurs sources de données provenant de la paléoclimatologie, des observations, de la compréhension des processus et des simulations climatiques mondiales et régionales.

Mettons tout de suite fin au suspense : les nouvelles ne sont pas très bonnes. Nous le savions déjà, mais là, c’est marqué sur 3949 pages. En revanche, le changement climatique d’origine anthropique a des conséquences irréversibles, et d’autres que nous pouvons encore limiter.

Cet article va se concentrer sur le SPM, le résumé à l’intention des décideurs, qui lui ne fait que 42 pages. Que vous soyez sensible ou pas aux enjeux climatiques, je n’ai qu’un conseil : lisez le résumé ! Si tout se passe bien, vous ne devriez pas rester indifférent(e) à l’état du monde et chercherez à en savoir plus, voire trouver des solutions.

Le sujet sera traité en 3 parties. D’abord, les points clefs à retenir. Ensuite, une deuxième partie où certains points seront un peu plus détaillés, avec toujours des sources pour approfondir. Enfin, une troisième partie d’analyse critique du rapport et du traitement médiatique qui l’a entouré.

Sommaire

Avant-propos

Avant de lire la suite, il est indispensable que vous sachiez ce qu’est le GIEC, comment sont sélectionnés les auteurs qui rédigent le rapport, quel est le processus de sélection des articles scientifiques, qui le finance, etc. Si vous le savez, tant mieux, sinon, lisez cet article synthétique.

Comme le rappelle Christophe Cassou, le premier rapport (ici étudié) traite de la compréhension physique du système climatique et du changement climatique. Le second portera sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité des sociétés humaines et des écosystèmes au changement climatique, tandis que le dernier abordera les solutions globales à mettre en œuvre pour atténuer le changement climatique et ses effets. Les groupes 2 et 3 doivent approuver leurs rapports en février et mars 2022. Le rapport de synthèse est prévu pour fin septembre 2022.

A retenir tout de même :

  • Ce rapport est la synthèse d’environ 14000 papiers scientifiques. Les 234 autrices et auteurs principaux ont répondu à 78007 commentaires des gouvernements et d’experts (!!!!). Le SPM (résumé à l’intention des décideurs) a été validé ligne par ligne par les gouvernements (nous y reviendrons)
  • Il existe 3 versions :
    • le résumé à l’intention des décideurs (SPM,42 pages)
    • le résumé technique (TS,159 pages)
    • le rapport complet (FR, 3949 pages).
      Conseil : lisez le résumé, plusieurs fois s’il le faut, lisez le résumé technique si possible également. Le rapport complet doit plus vous servir d’encyclopédie : vous souhaitez approfondir un point ? -> plongez dans le rapport complet. Libre à vous de le lire entièrement bien sûr…
  • Le GIEC a une liste de qualificatifs utilisés, fonction du niveau de confiance (indiqué en italique dans les rapports, même vocabulaire que l’AR5) :
  1. quasiment certain (probabilité de 99 à 100 %)
  2. très probable (90 à 100 %)
  3. probable (66 à 100 %)
  4. à peu près aussi probable qu’improbable (33 à 66 %)
  5. improbable (0 à 33 %)
  6. très improbable (0 à 10 %)
  7. exceptionnellement improbable (0 à 1 %).
Source : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2017/08/AR5_Uncertainty_Guidance_Note.pdf

Enfin, il faut se rendre bien compte des sacrifices que cela représente de s’engager dans la rédaction d’un rapport du GIEC. Les scientifiques travaillent bénévolement, prennent très souvent sur leur temps personnel, ont passé quelques soirées et nuits blanches pour que ce rapport puisse être le plus qualitatif possible et accessible à tout le monde, à travers notamment le SPM et le résumé technique.

Les deux dernières semaines de séances plénières furent longues et intenses, comme en témoigne cette photo d’un des auteurs, Peter Thorne, qui a visiblement passé quelques nuits dans son bureau.

nouveau rapport du GIEC : les sacrifices des scientifiques...
Source : Peter Thorne

Merci à toutes et à tous, immense respect.

Les points clefs du nouveau rapport du GIEC

Avant de plonger en détails dans certains points, voici les principales conclusions du nouveau rapport du GIEC (synthèse SPM+TS). Si c’est votre première fois, assurez-vous d’être bien assis(e) :

L’état actuel du climat

  • Il est incontestable que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les terres. Des changements rapides et généralisés se sont produits dans l’atmosphère, les océans, la cryosphère et la biosphère.
  • 100% du réchauffement climatique est dû aux activités humaines. C’est aujourd’hui un fait établi, sans équivoque (pour comprendre ce qu’est le forçage radiatif, lisez cet article). Nous pouvons l’observer en comparant le réchauffement observé (a) et l’influence humaine en (b) :
FIG du nouveau rapport du GIEC
Figure SPM.2
  • L’ampleur des changements récents dans l’ensemble du système climatique et l’état actuel de nombreux aspects du système climatique sont sans précédent, de plusieurs siècles à plusieurs milliers d’années.
  • Pendant les trois derniers millénaires, le niveau des mers n’a jamais augmenté aussi rapidement que depuis 1900
  • Depuis la publication du 1er rapport du GIEC en 1990, 1000 milliards de tonnes de CO2 ont été émises. C’est presque la moitié de nos émissions depuis le début de toute l’ère industrielle.
Image
Source : GIEC
  • L’activité humaine a réchauffé le climat à un rythme sans précédent depuis au moins 2000 ans. Les changements climatiques récents sont généralisés, rapides et s’intensifient. Ces 10 dernières années ont été 1.1°C plus chaudes comparé à 1850-1900.
FIG 1 du nouveau rapport du GIEC
FIG 1 SPM
  • Le changement climatique d’origine humaine affecte déjà de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans toutes les régions du monde. Les preuves des changements observés dans les phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les sécheresses et les cyclones tropicaux, et, en particulier, leur attribution à l’influence humaine, se sont renforcées depuis le cinquième rapport d’évaluation.
  • Une meilleure connaissance des processus climatiques, des données paléoclimatiques et de la réponse du système climatique à un forçage radiatif croissant permet d’obtenir une meilleure estimation de la sensibilité climatique à l’équilibre à 3°C, avec une fourchette plus étroite que celle de l’AR5.

Informations sur le changement climatique à venir et ses conséquences

  • Dans les scénarios d’augmentation des émissions de CO2, les puits de carbone océaniques et terrestres seront moins efficaces pour ralentir l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère
  • Le GIEC décrit l’évolution des températures à venir selon 5 différentes trajectoires socio-économiques (socio-economic pathways, SSP)
  • Dans tous les scénarios d’émissions (à l’exception du plus bas, le SSP1-1.9), nous dépasserons le seuil de réchauffement mondial de +1,5°C dans un avenir proche (entre 2021 et 2040) et resterons au-dessus de +1,5°C jusqu’à la fin du siècle.
FIG 10 du nouveau rapport du GIEC
Figure 10 SPM
  • Avec la poursuite du réchauffement, chaque région pourrait subir de façon différenciée plus d’évènements climatiques extrêmes, parfois combinés, et avec des conséquences multiples. Cela a plus de chance d’arriver avec un réchauffement à +2°C que 1,5°C (et d’autant plus avec des niveaux de réchauffement supplémentaires). Traduisez « combinés » par ‘plusieurs en même temps’ (canicule, suivi de mégafeux par exemple, comme au Canada en juin 2021).
  • Les points de bascule sont inclus dans le rapport car, bien qu’ayant une plus faible probabilité de se produire, ils pourraient avoir des conséquences dévastatrices. Les événements peu probables, tels que la fonte de la calotte glaciaire, les modifications brusques des courants marins (AMOC par ex.), certains événements extrêmes cumulés et un réchauffement nettement plus important que la fourchette de réchauffement estimé très probable, ne peuvent être exclus et font partie de l’évaluation des risques.
  • Les glaciers des montagnes et des pôles sont condamnés à fondre pour encore des décennies voire des siècles alors que la libération par dégel du carbone contenu dans le pergélisol, considérée sur une période de plus de 1000 ans, est irréversible.

Limiter le changement climatique dans le futur

  • Pour limiter le réchauffement, il faudra des actions fortes, rapides et durables de réduction des émissions de CO2, de méthane mais aussi des autres gaz à effet de serre. Cela réduirait non seulement les conséquences du changement climatique mais améliorerait aussi la qualité de l’air.
  • Limiter le réchauffement mondial à +1.5°C ne sera plus possible sans une baisse immédiate et à large échelle des émissions de GES (voir les différents scénarios)
  • Si nous atteignons la neutralité carbone, le réchauffement climatique devrait s’arrêter (avec plus de certitude que dans le précédent rapport)
  • De nombreux changements dus aux émissions passées et futures de gaz à effet de serre sont irréversibles pendant des siècles, voire des millénaires, notamment les changements dans les océans, les calottes glaciaires et le niveau global des mers. Cependant, certains changements pourront être ralentis et certains arrêtés en limitant le réchauffement climatique.
  • Les estimations du budget carbone restant – une manière simplifiée d’évaluer la quantité de CO2  pouvant être libérée avant d’atteindre un niveau de réchauffement donné – ont été améliorées depuis les rapports précédents, mais le budget carbone reste globalement inchangé.

Clarification sur des points précis du nouveau rapport du GIEC

Dans les jours qui ont suivi la sortie du rapport du GIEC, il y a eu beaucoup de discussions autour de certains points du rapport, et parfois, beaucoup d’approximations, voire d’erreurs. C’est normal. Ce sont des sujets extrêmement compliqués et complexes, et si ce n’est pas votre sujet d’étude, il est impossible de maitriser toutes les notions.

Aussi, voici quelques clarifications sur certains points du nouveau rapport. Tous ces points méritent un travail conséquent, à la fois de compréhension et de vulgarisation. Bien sûr, les points ci-dessous représentent une liste non exhaustive (4349 pages !). Vous trouverez un article dédié sur chaque sujet sur Bon Pote, notamment dans les articles de notre série avec le CNRS ‘Idées reçues‘. Si l’article n’existe pas encore, ne vous inquiétez pas : c’est sûrement prévu !

Sensibilité climatique à l’équilibre

La sensibilité climatique à l’équilibre (Equilibrium Climate Sensitivity, ECS) représente (grossièrement) le nombre de degrés supplémentaires si nous doublons la concentration de CO2 dans l’atmosphère. C’est un sujet très important, car cela nous donne une vision beaucoup plus claire de notre avenir climatique.

Nous observons ici un rétrécissement de la fourchette de sensibilité du climat. Le nouveau rapport donne une fourchette de sensibilité climatique « probable » (67% de chance) de 2,5°C à 4°C, soit une réduction de 50% de l’incertitude par rapport à la fourchette probable donnée dans le AR5. La fourchette « très probable » (~90% de chance) du rapport AR6 est de +2°C à +5°C, contre +1°C à +6°C dans le rapport AR5 :

Cette nouvelle plage de valeurs, plus resserrée, est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Cela veut dire que les chances d’avoir un monde à +5 ou +6°C deviennent vraiment peu probables. En revanche, cela veut également dire que nous disons au revoir à un monde à +1°C. Le verre à moitié vide.

La figure TS.6 illustre l’évaluation de la sensibilité du climat , les concepts de résultats peu probables et de niveaux de réchauffement planétaire, la manière dont la température mondiale a changé et devrait changer, ainsi que les impacts correspondants :

Figure TS.6

Pour creuser sur le sujet, 2 articles : An Assessment of Earth’s Climate Sensitivity Using Multiple Lines of Evidence et un article sur les extrêmes qu’on ne peut pas enlever.

Va-t-on atteindre +1.5°C degré de réchauffement 10 ans en avance ?

Réponse : pas vraiment. Dans ce super article de Realclimate.org, on apprend surtout que c’est une question méthodologique. « En résumé, lorsque l’on compare des pommes avec des pommes (c’est-à-dire les meilleures estimations des temps de dépassement fondées sur les scénarios), le SR1.5 et l’AR6 fournissent des chiffres remarquablement cohérents : 2034,5 contre 2035« . C’est important, et les auteurs du papier alertent sur la possibilité d’une exagération des médias, comme la réalité n’est pas très excitante (c’est-à-dire pas de surprise, les chiffres sont en ligne !).

Extrait du chapitre 4 du rapport AR6 du GIEC, indiquant le moment où le niveau de réchauffement de 1,5C sera franchi dans le cadre du scénario bas SSP1-1,9

Tous les scénarios prévoient que la planète connaîtra un réchauffement de 1,5°C

Tous les scénarios SSP prévoient que la planète connaîtra un réchauffement de 1,5°C. La projection d’émissions la plus ambitieuse prévoit que nous atteignons 1,5°C dans les années 2030, puis un pic de températures à +1,6°C, avant de redescendre à 1,4°C à la fin du siècle.

AR6 SPM

NB : quand vous rentrez en détails dans le scenario SSP1-1.9, il suppose une énorme quantité d’émissions négatives au cours du 21e siècle. Le « budget carbone » évalué pour limiter le réchauffement à 1,5°C dans le rapport du GIEC est d’environ 500 GtCO2 . Or, le scénario SSP1-1.9 émet 700 GtCO2 au cours du 21e siècle, dépassant largement le budget carbone restant. Dans le même temps, il déploie 430 Gt CO2 d’émissions négatives.

Commentaire de Zeke Hausfather : « Le fait de s’appuyer sur des émissions négatives permet au scénario d’avoir une trajectoire de réduction des émissions plus plausible ; un scénario similaire n’utilisant pas d’émissions nettes négatives nécessiterait probablement de parvenir à des émissions mondiales nettes nulles dans les années 2040. »

Le problème, c’est que nous savons que les technologies nécessaires pour avoir des émissions négatives dans ces ordres de grandeur n’existent pas, ou n’ont jamais été testées à cette échelle (nous y reviendrons). Le rapport du GIEC du 3eme groupe de travail qui sera publié en début d’année prochaine évaluera le réalisme des différents scénarios.

Quid des budgets carbone restants ?

Le terme ‘Budget carbone’ peut avoir plusieurs significations. En général, cela signifie le montant net de CO2 que les humains peuvent encore émettre tout en limitant un degré de réchauffement spécifique.

La très bonne nouvelle, c’est que les estimations sont aujourd’hui bien plus précises que dans le précédent rapport. Aujourd’hui, nous savons que le réchauffement climatique est presque linéairement proportionnel à la quantité totale de CO2 que nous émettons (figure 10 du SPM).

Les autres budgets carbone ont également été intégrés dans le SPM. Le tableau SPM.2 donne un aperçu des dernières estimations, pour différentes limites de température et différents niveaux de probabilité :

Analyse des budgets

Analyse de Joeri Rogelj, spécialiste du sujet depuis 10 ans, auteur principal du SR15 et du nouveau rapport du GIEC (AR6) :

  • Les estimations du budget carbone dans l’AR6 sont très similaires à celles publiées dans le rapport spécial 1,5°C en 2018, mais elles représentent une mise à jour importante du rapport de 2013 (AR5)
  • Si l’on tient compte des émissions survenues depuis les rapports AR5 et SR15, le budget carbone restant du rapport AR6 pour limiter le réchauffement à 1,5°C avec une probabilité de 50% est supérieur d’environ 300 GtCO2 à celui du rapport AR5, mais pratiquement identique à celui du rapport SR15.
  • Entre SR1.5 et AR6, chaque élément du budget carbone a été réévalué :
    • le réchauffement passé a été mis à jour (avec toutes les tonnes émises)
    • le niveau de réchauffement par tonne de CO2
    • le réchauffement qui se produirait une fois que nous aurions atteint le niveau net zéro de CO2
    • le réchauffement hors CO2 auquel nous nous attendons
    • réactions du système terrestre non couvertes par ailleurs

Dans l’ensemble, ces mises à jour signifient que les estimations du budget carbone restant de l’AR6 sont très similaires à celles de la SR1.5.

Pour approfondir chaque point cité ci-dessus, voici une explication. Pour la version courte : les budgets restants sont faibles, nos émissions actuelles d’environ 40 GtCO2/an les réduisent rapidement, et sans réduction rapide, nous exploserons les budgets (et donc dépasserons les limites de +1.5°C et +2°C).

FAQ 5.4

Attribution évènements extrêmes

Des progrès très importants ont eu lieu depuis le dernier rapport du GIEC sur l’attribution. C’est la science qui permet de savoir si nous pouvons attribuer un évènement météorologique extrême au changement climatique. Nous en avons parlé dans tous les articles sur les extrêmes météorologiques dans notre série avec le CNRS (canicules, cyclones ou sécheresses, par ex). Voici ce que nous dit le GIEC :

Le changement climatique d’origine humaine affecte déjà de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans toutes les régions du monde. Les preuves des changements observés dans les phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les sécheresses et les cyclones tropicaux, et, en particulier, leur attribution à l’influence humaine, se sont renforcées depuis le cinquième rapport d’évaluation.

Il est probable que la proportion mondiale de cyclones tropicaux majeurs (catégorie 3-5) ait augmenté au cours des quatre dernières décennies.

A retenir :

  • Il n’est plus nécessaire de parler de manière générale de l’influence du changement climatique sur tous les événements ; nous pouvons estimer dans quelle mesure, par exemple, une vague de chaleur donnée a été aggravée par l’activité humaine (voir également les travaux du World Weather Attribution)
  • Pour la première fois, le GIEC décrit une augmentation observée des événements extrêmes pour les ouragans. Auparavant, ces changements étaient trop incertains pour faire l’objet d’un consensus international. Les phénomènes météorologiques extrêmes s’aggravent désormais de manière mesurable sur toutes les parties de tous les continents (à l’exception du sud de l’Amérique du Sud, où les données étaient trop rares).

Voici une superbe infographie qui exprime la probabilité d’occurrence de différents évènements extrêmes selon les possibles réchauffements :

SPM 6

Régionalité du changement climatique

Le GIEC a vraiment mis l’accent sur les impacts régionaux du changement climatique. Nous le savons, un réchauffement mondial de +2°C par exemple n’a pas du tout les mêmes impacts selon l’endroit où vous vivez dans le monde.

Voici une infographie qui permet de voir, selon les évènements météorologiques extrêmes, quelles régions seront touchées et avec quel degré de confiance :

Figure 3 SPM

Le GIEC rappelle également que « les facteurs naturels et la variabilité interne moduleront les changements causés par l’homme, surtout à l’échelle régionale et à court terme, avec peu d’effet sur le réchauffement climatique centennal« . Ces modulations sont importantes à prendre en compte dans la planification de l’ensemble des changements possibles, et notamment pour la gestion des risques. Nous en avions parlé dans notre article sur les îles Fidji.

Avec les 2 températures mise en avant par le GIEC (+2°C et +4°C), nous voyons bien que cela ne se réchauffe pas de la même manière sur Terre. C’est l’un des éléments de la justice climatique, sujet mis en valeur par le travail du groupe 2 qui sera disponible début 2022.

Fig SPM 5

Bonus : le GIEC a mis à disposition un atlas interactif, je vous le recommande, c’est très parlant ! Et aussi cet outil issu d’une collaboration entre le GIEC et la NASA pour explorer les projection de niveaux de la mer au niveau local, avec une décomposition des sources de la montée du niveau des mers.

FAQ – Question rapide, réponse rapide

  • Pourquoi le rapport est sorti le 9 août ? -> la sortie du rapport a été retardée d’environ 3 mois à cause de la Covid. Ce n’est pas un complot mondial comme j’ai pu le lire de le faire sortir en plein mois d’août, ‘comme par hasard’. Sachez aussi que les négociations de la COP26 ont lieu en amont et que ce rapport sera déterminant. Plus tôt il sort, mieux c’est. Vous auriez préféré début septembre, à la rentrée scolaire ?
  • Pourquoi il n’y a pas de scenario à +3°C, ou un scenario entre le SSP2-4.5 et le SSP3- 7.0 ? Certains climatologues et experts se posent la même question. En effet, avec les promesses actuelles des Etats (NDCs), nous irions plutôt vers ce type de scenario. Il s’agissait d’un scénario moins prioritaire pour le CMIP6 (modèle climatique), et il n’y avait pas suffisamment de séries de modèles disponibles à temps pour l’inclure dans l’AR6.
  • Il y a une inertie climatique de 20 ans, voire 40 ans !-> c’est FAUX. Le GIEC vient de le confirmer dans le rapport. « Si nous réduisions les émissions à zéro demain, le monde cesserait probablement de se réchauffer. La question de savoir à quelle vitesse nous pouvons réduire les émissions de manière réaliste est une question de politique et d’économie, et non de science physique », nous dit Zeke Hausfather, auteur de cet excellent papier.

Le mot de la fin

Ce nouveau rapport du groupe du travail 1 du GIEC apporte beaucoup de confirmations, des mauvaises nouvelles… mais aussi des nouvelles encourageantes. Non, « tout n’est pas foutu, nous n’allons pas tous mourir« . Nous avons notre avenir climatique entre nos mains, il ne tient qu’à nous de réduire drastiquement nos émissions, rapidement, et de façon durable.

Je le répète : je conseille à tout le monde de lire au moins le résumé à l’intention des décideurs. Tout le monde doit se l’approprier et creuser les sujets. Les conclusions du rapport sont limpides et suffisamment claires pour être comprises par tout le monde. Une phrase doit au passage absolument retenir votre attention : chaque tonne émise participe au réchauffement. Si vous ne savez pas quelles actions ont le plus d’impact sur le réchauffement climatique, je vous conseille vivement de simuler votre empreinte carbone.

En outre, c’est la première fois dans l’histoire qu’un rapport scientifique a et aura autant d’importance, tant sur le plan scientifique, politique, géopolitique et économique. Ses conclusions seront entre autres déterminantes pour les négociations à venir de la COP26.

C’est ce que nous verrons dans le prochain article consacré à l’analyse politique (et médiatique) de la sortie de ce rapport, qui a d’ores et déjà fait couler beaucoup d’encre.

LIRE LE TRAVAIL DU GROUPE 2 DU GIEC

Mise à jour : l’article sur le traitement médiatique, les réactions des politiques (et lobbies) est en ligne !

Il existe également une version de ce rapport spécialement pour les parents et enseignants !

Et un article spécialement pour les infographies du 6ème rapport.


Merci à Jean-Baptiste Sallée, auteur principal du nouveau rapport du GIEC, pour sa relecture
Merci à Yann Rozier pour les traductions des infographies (qui seront mis à jour lorsque le GIEC rendra une version officielle en FR)

BONUS : INFOGRAPHIES

Le contenu des infographies ci-dessous est le même. Il existe volontairement plusieurs formats et couleurs, pour que chacun puisse sauvegarder/imprimer ce qu’elle ou il préfère :

Les traductions en plusieurs langues sont disponibles ici, et bientôt en format PDF pour impression !

BONUS : 2 infographies des 20 points clefs (même contenu, 2 formats différents ) :