“50 degrés à Paris d’ici 2050 ? Arrête d’exagérer avec ton réchauffement climatique !“
Lorsque l’on pense au réchauffement climatique, s’attendre à ce qu’il
y ait de multiples canicules dans les décennies à venir est ce qu’il y a
de plus intuitif. Si vous êtes assez vieux pour vous souvenir
de la canicule de 2003, ou plus récemment celle de 2019, il est fort
probable que ces évènements ne soient pas si uniques que cela dans votre
vie.
Outre le record national de chaleur battu le 28 juin 2019 avec 46°c,
vous vous souvenez peut-être du jeudi 25 juillet 2019 ? A Paris, ce fut
42°C en journée (costume obligatoire), 30 degrés à minuit… une journée
difficile à supporter qui venait couronner une vague de chaleur qui
marqua les esprits.
Était-ce si exceptionnel ? Avec le réchauffement climatique,
allons-nous en subir d’autres, plus souvent ? Plus fortes ?
Atteindra-t-on la barre des 50 degrés en France d’ici 2050 ? Pour y
répondre, nous avons reçu l’aide de Fabio D’Andrea, chercheur au CNRS et
directeur adjoint du Laboratoire de météorologie dynamique (LMD).
Pic de chaleur, vague de chaleur ou canicule ?
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est d’abord important de bien définir de quoi nous parlons :
Un pic de chaleur est “un épisode bref,
généralement de 24 à 48 heures, durant lequel les températures sont
très au-dessus des normales de saison. Il peut se produire localement
sur une station météorologique mais aussi sur un territoire étendu“.
Une vague de chaleur se définit comme l’observation de températures anormalement élevées pendant plusieurs jours consécutifs (voir Météo-France). Le GIEC donne sensiblement la même définition : “période
de conditions atmosphériques anormalement chaudes. Les définitions
données aux vagues de chaleur et aux épisodes de chaleur varient et se
chevauchent parfois“.
Caractéristiques d’une canicule
Existe-t-il une différence fondamentale entre vague de chaleur et une canicule ? Et bien, pas vraiment ! En effet, il n’existe pas de définition universelle du phénomène
: les niveaux de température et la durée de l’épisode qui permettent de
le caractériser varient selon les régions du monde et les domaines
considérés. Leurs définitions vont donc dépendre de plusieurs paramètres
:
La période de temps, sensible aux jours cumulés, sur un mois ou une année.
La zone géographique (28 degrés en journée est plus rare en Bretagne que dans le Sud-Est de la France)
L’impact qu’elle va avoir :
La santé en est un bon exemple : elle permet de prendre en compte la température nocturne, l’humidité, etc. Les seuils vont varier selon la géographie et la vulnérabilité des populations.
L’agriculture
en est un autre : les études d’impact peuvent utiliser des seuils
portant sur le nombre cumulé de jours de chaleur extrême dans la saison
de croissance (qui est déterminant pour la physiologie d’une espèce
végétale donnée).
Le dispositif de vigilance météorologique d’une ville ou d’un pays : les politiques préviennent la population en fonction de seuils préalablement fixés.
L’activité de recherche des scientifiques, selon le périmètre et le but recherché.
Comment se forme-t-elle ?
L’apparition d’une canicule dépend des conditions météorologiques locales. En général, elle est provoquée par une condition anticyclonique de haute pression persistante, ou par une condition de vent persistant en provenance de régions plus chaudes
(vent de sud dans l’hémisphère nord, et du nord dans le sud). En
Europe, et en France en particulier, les deux régimes peuvent se
présenter.
La canicule de 2003 est un exemple du premier régime. C’est ce que
les météorologues appellent un phénomène de blocage : des hautes
pressions forment un obstacle au passage des perturbations atlantiques.
Ces conditions sont souvent persistantes, ce qui fait qu’un épisode de
canicule peut s’installer parfois plusieurs jours.
Ce phénomène est anticipé via des prévisions météo classiques, qui comme nous l’avions expliqué dans cet article, prévoient l’état futur de l’atmosphère avec un horizon d’environ 10 jours.
Les prévisions sont actualisées tous les jours, avec des données en
continu. Cela permet de s’assurer de la durée de l’évènement, et ainsi
différencier un pic de chaleur d’une vague de chaleur. Si les
phénomènes comme le blocage ne sont pas les plus simples à prévoir par
les modèles numériques des centres météorologiques, on arrive quand même
à anticiper un pic de chaleur environ 5 à 7 jours à l’avance
(important, du point de vue de la politique sanitaire, nous y
reviendrons).
D’autres facteurs ont un effet d’amplification de la chaleur, c’est le cas de la sécheresse du sol
qui limite l’effet rafraîchissant de l’évaporation et de la
transpiration des plantes. La condition de sécheresse est souvent
préexistante à l’arrivée du pic de chaleur, on dit alors qu’elle rend
plus probable les canicules.
A une plus petite échelle, le détail local de la surface a une grande
importance sur la température ressentie : c’est notamment l’effet de
l’îlot de chaleur urbain (voir plus bas).
Perspective historique : avons-nous toujours eu des canicules en France ?
A posteriori, on peut mettre une canicule en perspective historique.
Pour cela, il faut utiliser une définition unique et revisiter les
données présentes et passées. Météo-France identifie les vagues de
chaleur à partir des séries quotidiennes de l’indicateur thermique
national depuis 1947. Cet indicateur est calculé par la moyenne de
mesures quotidiennes de la température de l’air dans 30 stations
météorologiques réparties de manière équilibrée sur le territoire
métropolitain.
Ainsi, un épisode de vague de chaleur est détecté dès lors qu’une valeur quotidienne de l’indicateur thermique au niveau national atteint ou dépasse 25,3°C et qu’il reste élevé pendant au moins 3 jours.
Rappelons que chaque région a ses caractéristiques propres et la
définition de la canicule n’est pas la même du Nord au Sud, ni de l’Est à
l’Ouest. Par exemple, pour la France métropolitaine :
Paris -> chaleur caniculaire si au moins 31 °C le jour et 21 °C la nuit;
Marseille -> chaleur caniculaire si au moins 36 °C le jour et 24 °C la nuit;
Brest -> chaleur caniculaire si au moins 30 °C le jour et 18 °C la nuit;
Lille -> chaleur caniculaire si au moins 32 °C le jour et 15 °C la nuit;
Toulouse -> chaleur caniculaire si au moins 36 °C le jour et 21 °C la nuit.
Quelques ordres de grandeur
Météo-France recense les vagues de chaleur depuis 1947. Il
apparaît clairement que la fréquence et l’intensité de ces évènements
ont augmenté au début des années 1980. Les épisodes
caniculaires depuis le début du XXIe siècle sont devenus sensiblement
encore plus nombreux que ceux de la période précédente.
Le graphique ci-dessous permet de mesurer la durée et l’intensité de
chacune d’entre elles. La canicule de 2003 y apparaît en tant
qu’évènement le plus intense que la France ait connu depuis au moins 1947.
Nous avons eu 43 vagues de
chaleur recensées à l’échelle de la France depuis 1947 (le graphique
ci-dessus, +2 en 2020). Un ordre de grandeur à retenir : nous avons connu autant de vagues de chaleurs entre 1960 et 2005 (en 45 ans) que de 2005 à 2020 (en 15 ans) :
Peut-on attribuer chaque canicule au réchauffement climatique ?
Nous avons vu que le changement climatique augmente la fréquence des canicules. Mais
des canicules se sont produites dans le passé et nous ne pouvons
affirmer qu’une canicule donnée est due au réchauffement climatique. On
peut néanmoins affirmer que la probabilité d’occurrence de ces évènements météorologiques a fortement augmenté du fait du changement climatique anthropique.
L’attribution d’un évènement météorologique extrême individuel au
changement climatique est très intéressante, et permet de se rendre
compte de la rareté (ou pas !) de ce que nous vivons depuis deux
décennies, et allons vivre dans celles à venir…
Pour aborder l’attribution d’un évènement, une notion est très importante : la période de retour (durée moyenne au
cours de laquelle, statistiquement un événement d’une même intensité se
reproduit). Celle-ci est toujours accompagnée de son intervalle de confiance,
la fourchette de valeurs possibles, qui quantifie l’incertitude liée au
calcul. Comment procèdent les scientifiques pour savoir si l’on peut
attribuer un évènement météorologique extrême au changement climatique ?
Le calcul est fait alternativement dans le monde factuel (incluant l’influence humaine) et dans le monde contrefactuel (sans perturbation humaine du climat). Sont alors comparées les deux probabilités obtenues pour quantifier l’importance de l’influence humaine. Le même procédé est utilisé pour évaluer l’impact sur l’intensité,
cette fois-ci en raisonnant à probabilité d’occurrence donnée. Les
climatologues s’interrogent enfin sur l’évolution future de ce type
d’évènement en utilisant des projections climatiques, c’est-à-dire des
simulations couvrant le futur (souvent le 21ème siècle), en faisant une
ou plusieurs hypothèses sur l’évolution des concentrations
atmosphériques des gaz à effet de serre (les fameux scenarios RCP).
La même approche factuel-contrefactuel peut-être utilisée
pour estimer la contribution du changement climatique à des impacts
spécifiques des vagues de chaleur, sur la santé, sur l’économie, la
société, etc. Par exemple cette étude récente peut estimer le nombre de morts additionnels par hyperthermie dus au changement climatique.
Cas pratique : la canicule de juillet 2019 en Europe
Pour la canicule de juillet 2019, un rapport très intéressant d’une équipe de recherche internationale donne les conclusions suivantes :
Les températures observées, moyennées sur 3 jours, ont été estimées avoir une période de retour de 50 à 150 ans dans le climat actuel.
En
combinant les informations provenant des modèles et des observations,
nous constatons que de telles canicules en France et aux Pays-Bas
auraient eu des périodes de retour qui sont environ cent fois plus élevées
(fourchette entre 10 et 1000 fois) sans changement climatique. De
telles températures auraient donc eu très peu de chances de se produire
sans l’influence de l’homme sur le climat (périodes de retour
supérieures à ~1000 ans). -> Le changement climatique a ainsi augmenté d’au moins un facteur 10 sa probabilité de survenue.
De plus, dans tous les endroits, un événement comme celui qui a été observé aurait été de 1,5 à 3 ºC plus froid dans un climat inchangé.
Toutes les vagues de chaleur analysées jusqu’à présent en
Europe ces dernières années (2003, 2010, 2015, 2017, 2018, juin et
juillet 2019) se sont avérées être devenues beaucoup plus probables et
plus intenses en raison du changement climatique d’origine humaine.
Cette augmentation dépend fortement de la définition de l’événement :
lieu, saison, intensité et durée. La canicule de juillet 2019 a été si
extrême en Europe occidentale que les amplitudes observées auraient été
extrêmement improbables sans changement climatique.
Nous avons donc d’un côté une équipe de chercheurs reconnus qui fait
ce genre de conclusions sans appel, et de l’autre côté, des personnes
qui disent que c’est naturel, qu’il y a toujours eu des canicules, etc.
Cela pourrait faire sourire si nous ne prenions pas en compte les
conséquences dramatiques de ces canicules.
“Santé humaine, bien-être, villes et pauvreté”
Ce n’est pas une surprise, les vagues de chaleur représentent un
risque important pour la santé humaine et peuvent être mortelles. Ce
risque est aggravé par le changement climatique (intensité + fréquence),
mais aussi par d’autres facteurs tels que le vieillissement de la
population, l’urbanisation (nous y reviendrons), les structures sociales
et les niveaux de préparation.
Parce que notre corps doit rester à 37°C, il fournit des efforts pour
maintenir cette température. Quand il n’y arrive pas, il peut y avoir
des effets cardiovasculaires, des effets sur la respiration, la
digestion, une diminution temporaire de la capacité cognitive, des
naissances prématurées… Si nous connaissons les impacts immédiats, nous ne connaissons pas encore totalement ceux à long terme de l’exposition récurrente à des chaleurs extrêmes.
Lorsqu’il y a une canicule, tout le monde subit les conséquences de la chaleur
(forte fatigue, baisse de vigilance, etc.). C’est très problématique
car cela signifie que les personnes en capacité d’aider les plus
vulnérables à ce moment précis sont elles aussi en difficulté. Outre la
durée, l’intensité a un impact également très important : pour les
températures les plus extrêmes, le risque de décès peut être 4 fois
plus important qu’un jour normal. “C’est que 2 degrés de plus !” Et bien non. Car 2 degrés de plus, cela mène à augmenter le risque de mortalité de 100%.
NB : l’impact total d’une canicule n’est connu qu’après plusieurs semaines (voire années pour la canicule de 2003).
Mais avec toutes les informations dont nous disposons aujourd’hui, nous
ne devrions plus être surpris par les évènements, comme ce fut le cas
en 2003. Les politiques avaient alors tardé à prendre conscience de la
gravité, avec le président Chirac en vacances au Canada, le Premier
ministre Raffarin tranquillement en congés dans la fraîcheur, le
ministre de la Santé aux abonnés absents pendant les 10 premiers jours
de canicule… Les hôpitaux étaient alors débordés, faute d’anticipation.
Le discours officiel fut de nier toute responsabilité de l’exécutif en
soulignant le manque de solidarité des citoyens. Bilan : des milliers de
morts. Toute ressemblance avec un virus récent ou des évènements à
venir est totalement fortuite…
Dans son rapport spécial 1.5, le GIEC alerte également sur le risque lié aux vagues de chaleur :
Toute élévation de la température
mondiale (+0,5 °C, par exemple) aurait une incidence sur la santé
humaine, principalement négative (degré de confiance élevé). Les risques
seraient moins importants à 1,5 °C qu’à 2 °C pour ce qui concerne la
morbidité et la mortalité liées à la chaleur (degré de confiance très
élevé) et la mortalité liée à l’ozone si les émissions à l’origine de la
formation d’ozone restent élevées (degré de confiance élevé). Les îlots
de chaleur urbains amplifient souvent l’impact des vagues de chaleur
dans les villes (degré de confiance élevé). Les risques touchant
certaines maladies à transmission vectorielle, tels le paludisme ou la
dengue, seraient plus grands dans l’éventualité d’un réchauffement situé
entre 1,5 °C et 2 °C et pourraient s’accompagner d’un déplacement de la
répartition géographique (degré de confiance élevé). Le caractère
positif ou négatif des projections visant les maladies à transmission
sectorielle dépend, en règle générale, de la maladie elle-même, de la
région et de l’ampleur du changement (degré de confiance élevé).
Les cinq motifs de préoccupation (MdP) présents dans les rapports du
GIEC illustrent les conséquences du réchauffement planétaire pour les
personnes, l’économie et les écosystèmes. Celui qui nous intéresse ici,
c’est le MdP 2 (Phénomènes météorologiques extrêmes),
avec les risques ou impacts des phénomènes météorologiques extrêmes tels
que les vagues de chaleur, qui auront des conséquences sur la santé,
les moyens de subsistance, les biens et les écosystèmes.
Toujours impressionnant de savoir que ces informations font également partie du résumé pour décideur,
un document très court (32 pages), validé par tous les gouvernements.
Outre que ce devrait être une relecture indispensable pour certain(e)s,
pourquoi ne pas la rendre obligatoire pour l’ensemble de nos députés et
maires ?
A quoi s’attendre d’ici 2050 et au-delà ?
Les vagues de chaleur font partie des extrêmes climatiques les plus
préoccupants au regard de la vulnérabilité de nos sociétés, et de
l’évolution attendue au XXIe siècle.
En France, la fréquence des canicules et leur intensité devraient
augmenter au cours du siècle, avec un rythme différent entre l’horizon
proche (2021-2050) et la fin de siècle (2071-2100). La fréquence des événements devrait doubler d’ici à 2050.Météo-France nous dit qu’en
fin de siècle, ils pourraient être non seulement bien plus fréquents
qu’aujourd’hui mais aussi beaucoup plus sévères et plus longs, avec une
période d’occurrence étendue de la fin mai au début du mois d’octobre’.
Un chiffre sur l’évolution du risque qui donne quelques sueurs : en 6 ans (depuis 2015), nous avons 80% de probabilité en plus d’avoir une canicule. Sans maîtrise des émissions de gaz à effet de serre, il y a 3 chances sur 4 pour que le nombre annuel de jours de vague de chaleur passe de 5 à 25 jours
en fin de siècle selon les régions par rapport à la période 1976- 2005.
Si vous pensiez que la canicule de 2019 était longue et difficile à
supporter…
Si vous habitez en ville…
Nous savons que la hausse des températures sera plus forte dans les
terres (en France, nous avons déjà dépassé un réchauffement de +1.5°C
par rapport à l’ère industrielle). Mais il faut également savoir que la moitié Sud de la France aura en moyenne 1°C de plus que le Nord, avec un effet accentué en montagne. C’est par exemple dans les Alpes et les Pyrénées que le ressenti du réchauffement sera le plus fort.
Pour répondre à la question du titre de l’article, OUI, sans
changement drastique de politique climatique, il y a de très fortes
chances d’atteindre la barre des 50 degrés en France. Les villes seront
également de moins en moins supportables en été, avec les îlots de
chaleur urbain.
Prenons (au hasard) l’exemple de Paris. Avec son tissu urbain très dense, Paris génère un îlot de chaleur urbain qui se traduit par des différences de températures nocturnes avec les zones rurales voisines de l’ordre de 2,5 °C en moyenne annuelle, et ces différences peuvent atteindre 10 degrés en été en cas de canicule !
Si vos nuits sont extrêmement désagréables en période de canicule, et
que vous mettez plus de temps à vous endormir, ne cherchez plus
pourquoi… Cela ne va pas forcément plaire à tout le monde, mais il faut
savoir que les quartiers historiques anciens (la beauté
haussmannienne..), plus denses, étaient conçus pour garder la chaleur.
Pas vraiment ce qu’il y a de mieux, en l’état, compte tenu des
perspectives climatiques.
Urgence de l’adaptation
Ce n’est pas l’objet principal de cet article, mais il est impossible
de parler de vagues de chaleur sans parler d’adaptation, tant par les
mesures nécessaires que ses impacts. Nous ne pourrons pas
prévenir la totalité des conséquences des canicules, mais nous pourrons
tout de même les réduire significativement. Voici une liste non
exhaustive de choses à prendre en compte et qui permettent de se rendre
compte de l’urgence de l’adaptation :
La
consommation d’énergie électrique augmente pendant les canicules du
fait des systèmes de climatisation (surtout en milieu urbain). Dans un
contexte où la consommation électrique doit augmenter fortement (SNBC2),
pourrons-nous gérer ces pics de demande et éviter des interruptions de
service ?
La canicule peut avoir des conséquences sur la
production d’électricité pour des raisons de protection environnementale
mais, potentiellement aussi, sur la sûreté des centrales nucléaires.
Par
ailleurs, ne devrait-on pas radicalement changer notre agriculture,
afin de cultiver des espèces végétales qui résistent à la sécheresse ?
En outre, le GIEC alerte également sur le tourisme. ‘Le
réchauffement planétaire nuit déjà au tourisme et sa progression jusqu’à
1,5 °C aggraverait les risques qui pèsent sur les activités
touristiques saisonnières et sur des régions précises‘. Au
niveau mondial, il y a un risque très prononcé pour le tourisme côtier,
en particulier dans les régions tropicales et subtropicales. Les
risques augmenteront parallèlement à la détérioration des conditions
causée par les températures élevées (chaleurs extrêmes, tempêtes) ou à
la disparition des plages et des récifs coralliens.
PS : pour les maires et président(e)s de région qui liront cet
article, il existe une invention ré-vo-lu-tion-nai-re pour aider les
villes à se rafraîchir pendant les vagues de chaleur, réduire les
inondations, éliminer les polluant de l’air, stimuler la biodiversité et
améliorer la santé publique. Ça reste entre nous, cette idée vaut
sûrement des milliards :
Il n’existe pas de définition universelle de la canicule (ou vague de
chaleur) : les niveaux de température et la durée de l’épisode qui
permettent de la caractériser varient selon les régions du monde et les
domaines considérés. La définition d’une vague de chaleur (ou canicule)
va donc dépendre de plusieurs paramètres : sa durée, sa zone
géographique, son impact potentiel, le dispositif de vigilance mis en place, etc.
Les points clefs à retenir :
Le changement climatique anthropique a déjà modifié et va continuer de modifier la probabilité des aléas météorologiques.
Les canicules seront plus fréquentes et/ou intenses. La fréquence des événements devrait doubler d’ici à 2050.
Nous avons connu autant de vagues de chaleurs entre 1960 et 2005 (en 45 ans) que de 2005 à 2020 (en 15 ans) :
Toutes
les vagues de chaleur analysées jusqu’à présent en Europe depuis 2003
se sont avérées être rendues beaucoup plus probables et plus intenses en
raison du changement climatique d’origine humaine.
Des incertitudes demeurent sur la tendance, mais seront réduites avec l’amélioration des outils de modélisation du climat.
Nous ne pourrons pas prévenir la totalité des conséquences, mais nous pourrons tout de même les réduire significativement grâce à l’adaptation.
Bon Pote est un média 100% indépendant, financé par ses lectrices et lecteurs. La meilleure façon de soutenir Bon Pote ? Devenez Tipeuse/Tipeur !
Bonjour,
Ce me gêne toujours lorsque je vois évoquées des échéances relativement
courtes du Changement Climatique (soit ici 2050) et un usage direct des
projections climatiques mécanistes. La raison en est que ces modèles ne
sont recalibrés, en post-traitement par rapport à l’observation, que
d’une manière statique, c’est-à-dire en distribution sur une période de
référence (1976-2005 dans votre exemple) mais pas de manière dynamique,
en particulier en tendance.
Conséquence : les tendances simulées (entre le proche passé et le proche
futur) ne sont pas nécessairement compatibles avec ce qu’il se passe
réellement et, de fait, sur notre région du monde et notre pays en
particulier, les évolutions de températures sont sensiblement plus
rapides en observation qu’avec l’ensemble des projections physiques
habituelles.
La divergence est la plus sévère au printemps (facteur 3 en pente au
moins) mais elle existe aussi en été (facteur 1,5 environ). De plus, il y
a également une sous-estimation de l’évolution de la variabilité donc
l’affirmation que « la fréquence des événements (chauds) devrait doubler
d’ici à 2050 » est un minorant, possiblement sévère, de la réalité
engagée.
Quant au fait que les « incertitudes sur la tendance » seraient «
réduites avec l’amélioration des outils de modélisation » du climat, ce
n’est pas ce qui s’est produit jusqu’à présent avec les modèles
climatiques en eux-mêmes. Pour faire simple, la tendance de température
simulée sur notre pays, depuis les modèles grossiers de la fin des
années 1980 jusqu’aux plus récents, est devenue de plus en plus « plate »
donc minoratrice de la réalité et il semble bien que ce défaut soit
encore (un peu) aggravé avec la prochaine mouture (alias CMIP6 pour le
futur rapport du GIEC). Notez que ce n’est pas une faute de ces modèles
mais une limitation assumée, quoique discrètement en général.
Une amélioration substantielle, dans l’utilisabilité opérationnelle des
projections pour les premières décennies à venir pourrait, par contre,
advenir rapidement grâce à des traitements correctifs post-simulation,
en recalibration dynamique par rapport aux trajectoires engagées
réellement. Evidemment, en ce cas, il faudra accepter socialement que
les perspectives qu’ils tracent soit significativement plus sévères que
ce qui est présenté habituellement.
Merci pour l’article ! Un commentaire :
tu accompagnes la publication de l’article sur twitter de la mention
“Spoil : acheter une clim n’est pas une solution intelligente”, mais tu
n’en parles quasiment pas dans l’article (mis à part une mention de la
conso électrique associée). Je pense que tu pourrais ajouter un
paragraphe au sujet des effets contreproductifs de la clim (rejet de
chaleur, HFC), qui constitue probablement une réponse évidente pour
beaucoup de monde.
On peut aussi mentionner la proposition de la CCC à ce sujet (https://www.ecologie.gouv.fr/suivi-convention-citoyenne-climat/les-mesures-pour-le-climat/se-loger/article/inciter-a-limiter-le-recours-au-chauffage-et-a-la-climatisation-dans-les), à ma connaissance non reprise dans le projet de loi climat.
Hello, j’en parle déjà dans l’article des
piscines, et bientôt dans un article entièrement dédié à l’adaptation.
L’article est déjà très long (le plus long de la série).
Hello, je vous fais part d’une astuce
d’adaptation personnelle, très efficace, à 0 KWh : une bouteille
personnelle et rechargeable disposant d’un bouchon vaporisateur.
Hydratation et rafraichissement garantis, A utiliser sans modération,
partout (notamment dans la voiture). Remplace avantageusement la clim, à
tout point de vue. En vente pour quelques euros dans les magasins bio
ou de jardinage. On peut compléter utilement le dispositif par un
éventail. Dans nos pays tempérés, nous n’avons pas le choix du chauffage
en hiver, mais le choix de la climatisation en été ne s’impose pas, la
quasi-totalité du temps.
Super article ! J’aime toujours ces partenariats avec l’INSU
“Si nous connaissons les impacts immédiats, nous ne connaissons pas
encore totalement ceux à long terme de l’exposition récurrente à des
chaleurs extrêmes.”
Je me pose une question en lisant ça. Les habitants de certains pays
sont exposés à des températures plus élevées que les nôtres pendant, je
suppose, des périodes plus longues que nous. Est-ce que ça ne permet pas
d’avoir déjà des données parlantes ? Ou alors on veut dire qu’on ne
sait pas exactement ce que ça peut donner dans le cas où on a des
températures extrêmes ET inhabituelles pour une population donnée ?
Encore félicitations pour le record de lecture en 24h sur cette article ;p
Merci Linitaa ! pour répondre
(brièvement, car un article sur l’adaptation arrive), tout est question
de vitesse de changement et de dégâts quant à l’adaptation (ou non) des
personnes concernées. Typiquement pour les vagues de chaleur et les
sécheresses, on sait ce qu’il peut arriver d’un point de vue
météo/climat, en revanche les conséquences sur les humains sont très
hétérogènes.
Que du blabla à charge dans la lignée des
mensonges des carbo primo alarmistes. Allez vous documenter chez les
climato ( ecolos ) réalistes, vous apprendrez que 1 – des épisodes
chauds il y en a toujours eu, la Tamise et le Rhin ont pu plusieurs fois
être traversés à gué 2- que le co2 n est pas, ne peut pas n a jamais
été le thermostat de la planète. 3 – que dans le rapport scientifique
IPCC AR5 et AR6 ( à venir) il y est clairement indiqué que la
sensibilité climatique en doublant le taux de CO2 ( de 400 à 800 ppm de
CO2) l echauffement serait de 1 à 2,5°C avec une valeur probable de 1
68, or, au rythme actuel d augmentation du CO2 0,5ppm /an il y en a pour
200 ans ! Pas d affollement donc
Vos amis m’ont déjà dit cela en 2005,
quand j’ai fait ma première conférence sur le changement climatique, et
que j’annonçais qu’il y aurait beaucoup de feux de forêts d’ici une
quinzaine d’années, avec une élévation des océans et l’augmentation
globale des températures.
Ils m’ont ri au nez, en criant que ça n’arriverait jamais, car on se
trompait sur la façon dont la molécule de CO2 réagissait aux
rayonnements de grandes longueurs d’onde.
Quand nous aurons atteint 50° en France (et cela probablement dans les
dix ans qui viennent), nous pourrons toujours reparler d’affolement.
C’est la Terre entière qui va s’affoler, c’est certain…
Merci pour cet article.
C’est très dommage que vous ne citiez pas l’étude Future summer
mega-heatwave and record-breaking temperatures in a warmer France
climate, reprise par l’ADEME.
Bonjour, et merci pour ce site et ces articles.
Permettez-moi une remarque qui se veut constructive : le graphique en
nuages de points illustrant les vagues de chaleur par année gagnerait en
lisibilité en instaurant une gradation de couleur de la date la plus
ancienne à la plus récente. On verrait ainsi les dates récentes plus
représentées.
Bonne continuation, Celine@adorem-conseil.fr
Et un petit élément pour compléter le sujet : la fin de l’heure d’été en Europe et en France.
Si comme 63% des Français, il est choisi de rester à l’heure d’été 365j
par an en France, avec 2h de décalage par rapport au soleil, on peut
s’attendre à des endormissements fort tardifs à cause de la chaleur
l’été.
Chaleur qui serait bien plus supportable si l’heure solaire était respectée.
Bonjour et merci pour ces explications, bien documentées.
Je souhaiterais compléter avec la notion d’inertie du système climatique qui n’est pas du tout appréhendée :
– les impacts du changement climatique que nous subissons aujourd’hui
chez nous et partout dans le monde (hausse des températures et vagues de
chaleur bien sûr mais également méga feux, submersions…) sont le
résultat non pas de nos propres émissions, mais des émissions de nos
parents et de nos grands-parents (cela fait froid dans le dos quand on
compare leur niveau de consommation au notre) !
– la question du changement climatique n’est pas une crise temporaire
avec un retour à la normale. Il n’y aura pas de retour à la normale. Le
niveau des océans ne va pas baisser et les températures ne vont plus
baisser, en tout cas pas avant des centaines d’années.
Toujours beaucoup de rigueur. Magnifique restitution de ce problème avec beaucoup de clarté.
Je vais encore jouer mon petit grain de sel, pour les personnes qui
se demandent pourquoi la chaleur, lorsqu’elle est persistante la nuit,
est une source de mortalité (en fait, une mortalité dite “résiduelle”).
Pour réguler sa température interne (homéothermie), le corps utilise
plusieurs mécanismes qui se complètent. L’un d’entre eux consiste à
réaliser une vaso-dilatation de surface (augmentation du diamètre des
vaisseaux de l’épiderme), afin d’évacuer la chaleur interne véhiculée
par le sang.
Comme la volémie (volume sanguin global) ne change pas, cette dilatation
est compensée par une vaso-constriction (diminution du diamètre) des
vaisseaux de profondeur.
Le cœur devant assurer le même débit, doit combattre le freinage issu
de cette vaso-constriction, et le cœur, qui est un muscle, fatigue.
Si les températures de la nuit baissent suffisamment, la combinaison
vaso-dilatation/constriction cesse : le cœur peut alors se reposer.
Si en revanche, les températures ne baissent pas assez, le cœur continue son effort.
Au bout de quelques jours, quelques semaines, voire de l’ordre du
mois en global pour 2003, la fatigue devient significative pour les
personnes en insuffisance cardiaque.
Ces efforts se payent à moyen terme, et une mortalité résiduelle est
observée, en général à l’automne, en n’étant pas toujours attribuée à la
canicule, qui est pourtant le facteur déclenchant ou accélérateur.
Au final, deux types de mortalité majeure sont le fait de la canicule
: l’hyperthermie (qui se combat par l’hydratation pour les plus jeunes
qui savent transpirer, et par le rafraichissement, climatisation ou
brumisation, pour les plus vieux dont les fonctions sudorales sont
éteintes), et la fatigue cardiaque, fatale pour les personnes à risque.
En espérant que ma très modeste contribution puisse éclairer quelques questionnements.
Encore bravo pour la mine d’informations fournie sur ce site.
Excellent article, comme d’habitude ! Je
te suis depuis quelques temps et tu m’as vraiment apporté un regard
nouveau sur le changement climatique. Ca fait du bien d’avoir une
information aussi réfléchie et sourcée, ca change de la pagaille
informationnelle totale et qui règne dans les médias sur ces sujets.
Un détail, mais “Aussi, 7 des 10 étés les plus chauds ont eu lieu à partir des années 1990. De là à dire que ça se réchauffe…”
A mon avis il vaut mieux éviter l’ironie par écrit, ca rend la lecture compliquée pour ceux qui ne te connaissent pas !
Encore bravo et continue comme ca, c’est un travail extrêmement utile que tu fais.
Leave a Comment