Les États-Unis relancent la production de terres rares, sur fond de tensions géopolitiques avec la Chine

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Les terres rares sont un enjeu géopolitique majeur. Alors que la Chine, plus gros producteur mondial, menace de couper les robinets, les États-Unis veulent retrouver une partie de leur indépendance. Ils viennent ainsi de relancer la mine de Mountain Pass en Californie qui devrait, quand elle tournera à plein régime, assurer 16 % de la fourniture mondiale de terres rares.

Mountain pass mine
La mine de Mountain Pass était, des années 60 à 90, la plus grande source de terres rares au monde.
MP Materials

Pourquoi s’évertuer à réduire sa dépendance du pétrole au Moyen-Orient si c’est pour être soumis aux décisions de la Chine quant aux terres rares ? C’est la question que se posent les États-Unis. Avec la transition énergétique, ces matières sont devenues stratégiques. Le néodyme, le dysprosium, le samarium… Ces terres précieuses ont des propriétés magnétiques qui ont permis de développer des aimants permanents que l’on retrouve dans les éoliennes, les voitures électriques, les imageries médicales ou les téléphones. Or la Chine en assure la majeure partie de la production mondiale et Pékin n'hésite à s'en servir pour faire pression sur le reste du monde.

Face à cette situation, les États-Unis souhaitent assurer leur souveraineté. Ils viennent ainsi de relancer la mine de Mountain Pass, en Californie. Cette dernière avait été abandonnée au début des années 2000 après avoir fait faillite. Elle était auparavant une des plus grandes mines du monde de production de terres rares. Reprise par le consortium MP Materials, l’objectif est clair : "Nous nous engageons à restaurer l’intégralité de la chaîne d’approvisionnement des terres rares aux États-Unis", indique le président du consortium, James Litinsky qui promet des relocalisations d’emploi et le respect des normes environnementales.

Renforcement de la souveraineté américaine 

Quand le site tournera à plein régime, il devrait représenter 16 % de la production mondiale de terres rares. Il faut notamment 15 kg de terres rares pour fabriquer une Toyota Prius ou encore 416 kg pour un avion de combat F-35. Cette réouverture s’inscrit dans une démarche plus large amorcée par Joe Biden. "Le principe de base est simple : le peuple américain ne devrait jamais être confronté à une pénurie des biens et services dont il dépend, qu’il s’agisse de sa voiture, de ses médicaments ou de la nourriture qu’il trouve à l’épicerie du coin", a déclaré l’hôte de la Maison Blanche. Le Président a ainsi ordonné, via un nouveau décret, un examen de 100 jours des chaînes d’approvisionnement en produits critiques aux États-Unis.

Washington veut relocaliser au maximum et surtout diversifier ses sources d’approvisionnement. Il faut dire que la pénurie de puces électroniques, qui a mis à l’arrêt plusieurs usines américaines, a accéléré cette volonté d’autonomie. Tout comme l’Europe, les États-Unis prennent commande à Taïwan, siège de TSMC, le plus grand fabricant de puces électroniques au monde. Ces composants sont essentiels dans la production de voitures électriques, d’ordinateurs, de consoles de jeux. Ils sont aussi clés pour les dernières innovations comme la 5G ou les drones de combat. Des biens dont la demande explose.

L'alliance des matières premières européenne

Or Washington craint que Pekin, qui revendique l’île, menace cet approvisionnement. Face à cette situation préoccupante, le nouveau directeur général d’Intel, Pat Gelsinger, a annoncé le 23 mars investir 20 milliards de dollars dans deux usines de semi-conducteurs sur le sol américain. Et les États-Unis ne sont pas les seuls à se préoccuper de leur indépendance technologique.

L’Union européenne se lance aussi dans la course. D’ici 2030, le Vieux continent espère produire au moins 20 % des semi-conducteurs du monde, c’est le double de sa capacité actuelle. La Commission européenne planche actuellement sur un plan concret sur lequel s’appuyer. La création d’une fonderie européenne est envisagée ainsi que la possibilité de partenariats avec les leaders du secteur que sont TSMC et Samsung. Sur le plan des métaux et notamment des terres rares, l’UE avait annoncé en septembre dernier la création d’une alliance des matières premières pour assurer son indépendance alors qu’elle en importe la quasi-totalité aujourd’hui. 

Marina Fabre, @fabre_marina


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