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On
parle de plus en plus d’agroécologie dans les médias, mais
concrètement, l’agroécologie, qu’est-ce que c’est ? Est-ce que toutes
les pratiques agroécologiques présentent les mêmes bénéfices pour
l’environnement ? Et passer en agroécologie, est-ce que c’est rentable
pour les agriculteurs ? C’est à l’ensemble de ces questions qu’Alice
Grémillet et Julien Fosse ont tenté de répondre dans un rapport publié
au mois d’août et dont ils vous ont présenté en détail l’ensemble des
résultats lors d’une webconférence.
Compte rendu L’agroécologie
recouvre l’ensemble des pratiques reposant sur l’utilisation optimale
des ressources apportées par la nature pour développer une agriculture
recourant le moins possible aux intrants de synthèse, qu’il s’agisse
d’engrais, de pesticides ou d’antibiotiques. L’agroécologie vise à
augmenter l’autonomie des exploitations agricoles. Sur la base de cette
définition, les auteurs ont identifié 23 cahiers des charges, publics ou
privés, relevant de l’agroécologie ou s’en réclamant : agriculture
biologique, mesures agroenvironnementales et climatiques systèmes de la
politique agricole commune, l’agriculture à haute valeur
environnementale (HVE) ou encore fermes DEPHY. Certains impliquent de
repenser l’ensemble du système de production, d'autres nécessitent
uniquement de faire évoluer certaines pratiques ; certains bénéficient
d’aides publiques spécifiques, d’autres non. L’analyse des niveaux
d’exigences de ces 23 cahiers des charges pour ce qui relève de la
réduction des intrants et des bénéfices pour la biodiversité ou la
qualité des eaux souligne que deux d’entre eux sortent du lot et
présentent des exigences plus importantes : l’agriculture biologique et
l’agriculture HVE option B.
Sur la base de résultats d’études concernant l’agriculture biologique, Alice Grémillet et Julien Fosse
ont ensuite quantifié les coûts ou bénéfices de la transition vers le
bio pour différents contextes, les aides de la PAC étant
systématiquement exclues des calculs. Cette analyse montre que la
transition vers le bio est rentable dans la majorité des cas étudiés.
Ces chiffres ne peuvent pas être généralisés, car ils dépendent du
contexte et de l’année d’étude, mais ils soulignent une tendance. Pour
aller plus loin, les auteurs ont ensuite élaboré un modèle
d’exploitation céréalière type. À partir d’une situation initiale «
conventionnelle », ils ont simulé des changements de systèmes vers des
états finaux correspondant à des référentiels agroécologiques. Hors
aides de la PAC, la transition vers le bio permettrait en moyenne un
gain de marge directe d’environ 25%. Les autres cahiers des charges
étudiés conduisent à une marge non modifiée ou altérée.
Cette étude montre qu’à l’échelle des exploitations agricoles, la
transition agroécologique est rentable à moyen terme pour certains des
référentiels étudiés, malgré la diminution des rendements observés. Par
ailleurs, ces coûts et bénéfices ne sont pas corrélés aux exigences
environnementales. L’agriculture biologique apparaît clairement comme la
plus performante d’un point de vue économique et en termes d'exigences
environnementales. Enfin, l’analyse des subventions versées pour
l’agriculture biologique et certaines mesures agroenvironnementales et
climatiques systèmes montre que ces aides ne sont ni liées aux coûts ou
bénéfices, ni aux exigences environnementales de ces référentiels. Tous
ces éléments montrent que pour accélérer la transition agroécologique en
France, il serait nécessaire d’ajuster les aides publiques de la PAC
aux manques à gagner potentiels, ou alors de changer d’approche en
rémunérant les externalités environnementales positives de
l’agroécologie à l’aide de bonus-malus portant sur les principaux
leviers de préservation de la biodiversité et du climat.
Alice Grémillet et Julien Fosse , auteurs de la note, ont exposé ces enjeux et ont détaillé, avec vous, leur traduction concrète.
Pour aller plus loin, consulter la publication qui vous a été présentée, en cliquant ici .