3e gaz à effet de serre au monde, le N2O (protoxyde d'azote)
joue un rôle important dans le réchauffement du climat, il est environ
300 fois plus réchauffant que le dioxyde de carbone. Le N2O reste
cependant méconnu. Sa concentration dans l'atmosphère a augmenté de 2 %
par décennie au cours des 150 dernières années.
Un groupe international de chercheurs, auquel Météo-France fait partie,
vient de réaliser un premier inventaire complet des sources et puits de
N2O, tant naturels qu’anthropiques.
L'emploi d'engrais azotés, principale cause d'augmentation du N20
25 fois plus « réchauffant » que le méthane, 300 fois plus que le C02, le N2O est à l’évidence un gaz redoutable.
Ce bilan inédit à l'échelle globale, qui porte sur la décennie
2007-2016, prend en compte l'ensemble des compartiments du système Terre
(atmosphère, continents et océans) et tient compte des interactions
potentielles entre les dépôts d'azote (N) et les processus biochimiques
qui contrôlent les émissions de N2O. Ce bilan a permis d'établir que le taux des émissions de N2O à l'échelle globale avait augmenté de 10 % depuis 1980 pour atteindre 17,0 TgN/an (téragrammes d’azote par an) en 2016..
Si les sols et les océans apparaissent comme principales sources
naturelles de ce gaz, la principale cause de l'augmentation alarmante du
N2O est l’emploi d'engrais azotés sur les terres agricoles,
représentant à eux seuls 70% des émissions anthropiques pour la période
2007-2016.
Les émissions provenant de l'agriculture sont dominées par l'Asie de
l'Est, l'Europe, l'Asie du Sud et l'Amérique du Nord (engrais
synthétique).
Les émissions en provenance d'Afrique et d'Amérique du Sud sont quant à elles dominées par les émissions d'effluents d'élevage.
On comprend alors pourquoi le taux de croissance le plus élevé des émissions de N2O
vient en particulier d’économies dites “ émergentes ” (Inde ou Brésil,
par exemple) où la production agricole et le cheptel augmentent à vue
d’œil.
Ce bilan a permis d'établir que le taux des émissions de N2O à l'échelle globale avait augmenté de 10 % depuis 1980.
Un bilan alarmant
L’étude publiée par Nature tire la sonnette d’alarme : les émissions de N20 augmentent plus rapidement que n'importe quel scénario d'émission produit par le Giec !
Si la production alimentaire aura toujours tendance à relâcher de
l'azote vers l’atmosphère, on peut réduire la quantité relâchée.
Plusieurs exemples montrent qu’il est possible de réduire cette courbe.
En Europe, les émissions de N2O ont diminué au cours des deux
dernières décennies grâce à des politiques industrielles et agricoles
visant à limiter les excès d'applications d'engrais.
Autre exemple : les émissions en N2O aux États-Unis sont restées stables malgré une augmentation significative de la production agricole, ce qui laisse supposer une utilisation simplement plus efficace des engrais azotés dans ce pays.
Ce travail s’est appuyé sur de nombreuses observations et résultats de modélisation, incluant notamment les résultats des composantes océaniques et continentales des modèles français de climat planétaire CNRM-CM et IPSL-CM.