2020 en surchauffe climatique

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La Nasa vient de publier les analyses des températures mondiales en octobre. Elles montrent une planète en surchauffe. Une année 2020 qui devrait titiller le record de 2016 (sur toute la période thermométrique, depuis 1880). Et cela alors que si 2016 devait à un énorme El Niño, dans le Pacifique tropical, de monter sur la première marche du podium, l’année 2020 affiche plutôt une Niña… ce qui aurait du en faire une des années les plus froides de la décennie en cours. 

Mais l’intensification de l’effet de serre provoquée par nos émissions massives de CO2, surtout liées aux énergies fossiles, charbon, pétrole et gaz, écrase désormais la variabilité naturelle du climat. Un résumé en graphiques :

Octobre chaud surtout en Arctique

L’écart des températures d’octobre 2020 à la période 1951/1980 est particulièrement marqué en Arctique, puisqu’il approche… les 10°C ! Les infographistes de la Nasa sont un peu perdus, ils n’avaient pas prévu d’aller au delà de 6°C dans leur code couleur, qui affichait un rouge pétant pour l’intervalle plus 4°C à plus 6°C. De sorte qu’ils ont tenté de montrer avec un rose layette que les températures vont plus haut encore. A noter un mois d’octobre plus froid que la référence climatologique en Amérique du nord et dans certaines parties de l’Antarctique. A noter aussi les couleurs bleues sur le Pacifique équatorial, signe d’une Niña en cours, ce qui diminue temporairement la moyenne planétaire… sans l’empêcher d’afficher 0,90°C de plus que la référence climatologique. Et l’un des octobre les plus chauds depuis 1880.

La Niña est là

Les températures de la surface de l’océan Pacifique dans sa région équatoriale et tropicale (graphique de gauche) sont clairement… dans le bleu. Autrement dit, l’océan est en phase Niña de son oscillation ENSO (El Niño southern oscillation), lorsque les vents poussent encore plus que lors de son état « normal » les eaux chaudes de surface vers l’Indonésie et font apparaître des eaux encore plus froides que d’habitude au large des côtes andines. Résultat : pluies torrentielles et chaleurs à l’ouest, sécheresses… et pêches miraculeuses d’anchois et sardines côté américain en raison de l’intensification du courant froid remontant des profondeurs et chargé en nutriments nourrissant le plancton. Le El Niño de 2015/2016 explique le pic de températures planétaires de 2016… mais la Niña de 2020 n’est pas en mesure d’empêcher les gaz à effet de serre émis par nos industries de hisser 2020 presque au même niveau. Comme le montre le graphique suivant :

pour la période janvier à octobre, 2020 est à 1,03°C de plus que la référence climatologique, contre 1,04°C pour 2016… donc au même niveau compte tenu des incertitudes de la mesure. Toutefois, le développement de la Niña pourrait peser à la baisse sur les températures mondiales dans les mois qui viennent.

Déjà +1,2°C

En 2015, lors de la Conférence des Parties de la Convention climat de l’ONU, à Paris, le texte signé par tous les Etats stipulait qu’ils se donnaient l’objectif de se rapprocher d’un nouvel objectif climatique: 1,5°C d’augmentation maximale de la moyenne planétaire relativement à la période pré-industrielle. Le graphique ci-dessous, où la référence climatique correspond à ce mode de calcul, montre que cette limite sera pulvérisée dans moins de vingt ans.

La courbe bleue montre l’écart de la température moyenne de la planète sur un mois relativement à une référence climatologique sur 1880 à 1920 calculée en moyenne glissante sur 12 mois. Le graphique intègre les mesures d’octobre 2020. On peut sourire en se souvenant du mantra climatosceptique « la température n’augmente plus depuis 1998 ».

Sylvestre Huet