Plan de relance : la transition écologique se taille la part du lion

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Le « pilier vert » du plan de relance, qui s'élève à plus de 30 milliards, doit faire entrer la France dans l'ère de la décarbonation de ses activités. L'aide à la rénovation thermique des bâtiments et des logements privés est sans précédent.

S'agissant de la rénovation thermique, ce sont l'Etat et les collectivités locales qui emportent le plus gros morceau avec 4 milliards d'euros d'aides pour la mise en conformité de leurs bâtiments, universités, écoles ou encore collèges.
 
S'agissant de la rénovation thermique, ce sont l'Etat et les collectivités locales qui emportent le plus gros morceau avec 4 milliards d'euros d'aides pour la mise en conformité de leurs bâtiments, universités, écoles ou encore collèges. (Francois HENRY/REA)
Publié le 3 sept. 2020 à 07:03Mis à jour le 3 sept. 2020 à 08:29

Un peu plus de 30 milliards d'euros de financements sur deux ans en soutien direct à la transition écologique, soit le tiers de son enveloppe. Le plan de relance est sans conteste vert vif. Face à l'urgence climatique et environnementale, plus question de transiger. Le but affiché est d'enclencher la transformation de l'économie, au travers notamment de la décarbonation des secteurs les plus fortement émetteurs de gaz à effet de serre.

Cette ambition est nécessaire pour se mettre en ligne avec l'objectif de neutralité carbone à atteindre en 2050 que la France s'est fixé . Elle est sans commune mesure avec le plan de relance lancé après la crise de 2008, dont les 35 milliards mobilisés par l'Etat ne contenaient quasiment aucun fléchage écologique.

Créer un « choc de demande »

En plus de cette différence de taille s'en ajoute une autre, la volonté d'agir vite. Les premiers financements doivent être disponibles au 1er janvier pour lancer illico les projets, ceux repérés comme les plus mûrs.

C'est d'abord sur les transports et sur l'immense chantier de la rénovation thermique dans le patrimoine bâti que le plus fort du « choc de demande », attendu grâce à la mobilisation de la manne publique, devrait se faire sentir. Pas moins de 11 et 7 milliards d'euros seront respectivement dévolus à ces deux secteurs. Côté transports, plus de la moitié (5,7 milliards) de l'effort porte sur la relance du ferroviaire (aides à la SNCF, réaménagement ou réouverture de petites lignes comme mode alternatif à la route) et à la mobilité du quotidien (soutien accru au plan vélo, aides renforcées aux transports collectifs).

En revanche, exit les projets routiers. Sauf nécessité absolue de désenclavement et impossibilité de trouver une solution alternative, comme ce pourrait être le cas en Outre-mer, ce plan de relance ne devrait en soutenir quasiment aucun.

Débarbouiller l'industrie

S'agissant de la rénovation thermique, ce sont l'Etat et les collectivités locales qui emportent le plus gros morceau avec 4 milliards d'euros d'aides pour la mise en conformité de leurs bâtiments, universités, écoles ou encore collèges. Mais la partie la plus visible de ce volet verdissement, celle qui va compter le plus dans l'opinion, sont les près de 2 milliards réservés sur deux ans à MaPrimeRénov , la principale aide à la rénovation du parc de logements privés. Un coup de pouce substantiel motivé par la nécessité de résorber quelque 5 millions de passoires thermiques. Pour y parvenir, le gouvernement a adopté un nouvel angle d'attaque, celui des « rénovations globales » et de l'éligibilité de tous les Français au dispositif. 

Le gouvernement va aussi « débarbouiller » l'industrie, en annonçant 9 milliards d'euros d'aides réservées à la décarbonation des activités. Une enveloppe massive dont il faut cependant retrancher les 2 milliards soumis à « éco-condition » déjà versés aux secteurs automobile et aéronautique pour permettre leur sauvetage. Sur le reste, la puissance publique concentrera son effort sur le soutien à l'innovation et à la R&D, et à l'émergence de filières énergétiques propres.

Celle de l'hydrogène, naissante, bénéficiera d'un renfort de 2 milliards sur deux ans, loin, très loin du plan de 100 millions d'euros annoncé l'an dernier. Le nucléaire n'est pas oublié (400 millions), mais l'attention qui lui est portée se veut très mesurée, essentiellement cantonnée à des investissements destinés à sécuriser cette énergie (recherche sur le stockage des déchets, renforcement des compétences, etc.).

Transition agricole

L'ambition se veut également forte sur le volet agricole, bien que l'Etat se montre moins prodigue avec 1,2 milliard d'euros d'aides : plan protéine, aide à la conversion au bio des exploitations, modernisation des abattoirs (250 millions), au renouvellement des équipements agricoles pour limiter le recours aux produits phytosanitaires (250 millions) et à la reconstitution de haies (50 millions).

Une dernière mesure relève de la défense de la biodiversité à laquelle le plan compte vouer 1,3 milliard d'euros. Ce sera en grande partie pour lutter contre l'artificialisation des sols (650 millions pour réhabiliter les friches) et améliorer la qualité de la ressource en eau, une urgence en Guadeloupe. 

Joël Cossardeaux