Mozambique : les défis sécuritaires, politiques et géopolitiques du boom gazier

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  • Source : Ifri

Le Mozambique, un des pays les plus pauvres d’Afrique(1), est appelé à devenir un des principaux exportateurs mondiaux de gaz naturel liquéfié (GNL) dans les deux décennies à venir : le pays dispose des plus importantes réserves de gaz naturel exploitables sur le continent africain (4 530 milliards de m3) depuis des découvertes géantes au début des années 2010.

Dans l’étude ci-après publiée par le Centre Énergie et Climat de l’Ifri, Benjamin Augé(2) fait toutefois état de nombreuses inquiétudes dans ce pays sur le contexte politique et sécuritaire « qui s’est fortement dégradé depuis plus de deux ans ».

Le groupe islamiste Al Shebab mène en effet de nombreuses attaques au Mozambique, notamment dans la province de Cabo Delgado (au nord du pays) où sont situées les futures infrastructures de liquéfaction de gaz. Malgré une situation économique « préoccupante » dans le pays, le parti au pouvoir (le Frelimo, à la tête de l’État depuis l’indépendance du pays en 1975) « se perçoit comme quasi intouchable », compte tenu de la future manne gazière qu’il compte capter(3) dans les prochaines années.

Benjamin Augé présente les nombreux acteurs étrangers actifs au Mozambique (et leurs relations avec le Frelimo)(4), dont Total qui devrait devenir « l’un des plus importants, sinon le premier investisseur du pays dans les prochaines années », avec ses deux unités de liquéfaction de gaz(5) (mise en service envisagée en 2024-2025)(6).

Exploitation du gaz naturel au Mozambique

 
 
Lire l'étude  :
Les problématiques gazières au Mozambique
  1. Selon une étude de mars 2019 de la banque sud-africaine Standard Bank, le PNB du Mozambique pourrait, avec l’exploitation gazière, « grossir annuellement de 15,4 milliards de dollars (soit un doublement de celui d’aujourd’hui, de l’ordre de 15 milliards de dollars) ».
  2. Docteur en géographie de l’Institut français de géopolitique (Paris 8), Benjamin Augé est chercheur associé à l’Ifri.
  3. Le Frelimo compte « s’émanciper de la tutelle des bailleurs traditionnels » (comme le FMI) et ignore toute pression de l'extérieur.
  4. Le Frelimo, « pro-business » malgré la doctrine marxiste du parti à l'origine, a eu pour stratégie d'imposer un minimum de normes et de contraintes pour attirer les pétroliers étrangers. Il a en revanche « très peu porté son attention sur les problématiques de contenu local ».
  5. D’une capacité de 12,9 Mt par an.
  6. Autre acteur majeur du développement du GNL au Mozambique, la major ExxonMobil serait pour sa part « très réservée sur les méthodes du gouvernement mozambicain et son utilisation importante de mercenaires russes et sud-africains » pour renforcer la sécurité du pays. Le groupe américain repousse ses décisions d’investissement, l’épidémie de Covid-19 servant de prétexte.
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