Le Haut conseil pour le climat note, dans son rapport publié en juillet dernier, que la baisse des émissions de gaz à effet de serre est trop lente pour le secteur agricole. Il formule plusieurs propositions pour l'accélerer : favoriser le stockage du carbone dans les sols en évitant le retournement des prairies et en développant les pratiques agro-écologiques, miser sur les protéines végétales, valoriser les effluents d'élevage...
Développer les protéines végétales est l'une des propositions du Haut conseil pour le climat. (©Pixabay)
Dans son rapport Neutralité carbone 2020 publié en juillet dernier, le Haut conseil pour le climat fait le point sur l’évolution des émissions de gaz à effet de serre en France par secteur et formule des propositions.
Pour l’agriculture, le rapport note « une baisse trop lente des émissions ». « En équivalent CO2, les trente dernières années n’ont permis de réaliser au mieux que la moitié des réductions nécessaires par gaz à l’horizon 2030 ». Quatre mesures sont ainsi proposées afin d’inciter à cette réduction :
- Ralentir le retournement des prairies et le drainage des zones humides, afin de conserver des stocks élevés de carbone, et, de manière complémentaire stocker du carbone dans les sols des grandes cultures grâce à l’adoption de pratiques agro-écologiques (cultures intermédiaires, davantage de prairies temporaires, agroforesterie intraparcellaire).
Pour inciter les agriculteurs à aller dans ce sens, le Haut Conseil préconise que les « eco-schemes » de la nouvelle Pac soient mobilisés à cet effet, que des prêts aux agriculteurs soient garantis par l’État et qu’une valorisation de ses efforts par des acheteurs institutionnels (entreprises de l’agroalimentaire) – au travers de leur politique de responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) – ou par les ménages soit possible.
- Un plan national ambitieux de développement des protéines végétales pour l’alimentation animale et humaine. Le Haut conseil pour le climat note un fort retard de la France dans le développement des légumineuses par rapport à ses partenaires européens. Pourtant elles permettent de diminuer les apports en azote sur les cultures suivantes et accroissent le stockage du carbone dans les sols. Pour mettre en place cette mesure, « des paiements Pac supplémentaires pourraient être mobilisés au travers des eco-schemes, ainsi que des prêts garantis à taux zéro, des aides aux investissements dans l'aval de la filière (stockage, transformation) et un investissement dans la recherche et développement ».
- Accélérer la réduction des émissions de CH4 de l’élevage en s’appuyant sur une montée en puissance du label bas carbone déjà en place. Cela passe notamment par une modification de la gestion du troupeau, de son alimentation et par une valorisation des déjections animales pour produire de l’énergie.
- Intervenir sur l’offre alimentaire (affichage environnemental sur les produits, Nutriscore…)
Ces quatre mesures pourraient en plus comporter de nombreux co-bénéfices pour la biodiversité et la lutte contre la déforestation importée, note enfin le Haut conseil pour le climat.