Préserver les forêts et leur richesse écologique, faire de ces espaces naturels des lieux ouverts et accueillants pour offrir à tous la possibilité de se ressourcer : personne ne contestera cette idée à l’heure de la lutte contre le changement climatique et des grandes prises de conscience écologique. La coupe des arbres peut être source d’interrogations, même si 90% des Français plébiscitent une utilisation au quotidien de ce matériau écologique, qu’il s’agisse de construction, d’ameublement et de décoration.
Au-delà du paradoxe étonnant vécu par une partie de la population qui aime l’idée du bois, mais si possible, sans avoir à passer par la phase "récolte" (voir l’éditorial du moniteur de l’été 2019 "ce bois qui nous fait scier"), la préoccupation majeure du consommact’eur est d’être informé et rassuré sur la réalité d’une gestion raisonnée des forêts.
En France, la forêt recouvre 31% du territoire métropolitain. Gestionnaire des forêts publiques, l’ONF gère 11 millions d’hectares de forêts (domaniales appartenant à l’Etat ou forêts des collectivités), sur les 25 millions d’hectares de forêts métropolitaines et d’Outre-mer. Sur quels enjeux et quels critères s’appuie son action ? Fontainebleau, Tronçais, Grande Chartreuse, Sainte Baume… Si chaque forêt a ses particularités et ses problématiques locales, les forestiers suivent tous une feuille de route commune : garantir la préservation et le renouvellement des milieux naturels en conciliant enjeu économique, environnemental et sociétal. Produire du bois, agir pour l’environnement et favoriser l’accueil de tous les publics en forêt : tel est le socle de la gestion durable pratiquée par l’ONF depuis plus de cinquante ans. Une gestion très encadrée par la loi, certifiée et reconnue par le label PEFC dans 100% des forêts domaniales.
La forêt sur-exploitée ? Stop aux idées reçues
"La forêt française est surexploitée", "couper du bois, c'est détruire la forêt", "une forêt non-gérée est une forêt en bonne santé"… Peut-être avez-vous entendu près de chez vous ou dans les médias ces affirmations ? Afin de répondre à ces idées reçues, voici quelques chiffres et éléments de réponse.
Une surface forestière et un stock de bois en croissance
Des récoltes stables garantes du renouvellement des forêts
Depuis 1966, date de création de l'ONF, le volume moyen de bois prélevé en forêt domaniale s'élève à 5,7 millions de m3 par an. En 2019, ce chiffre est de 5,5 millions de m3, soit un niveau de prélèvement en baisse depuis 1995 ! Par ailleurs, les études de l’IGN démontrent aujourd’hui que les stocks de bois sur pied augmentent de 0,8 m3 par hectare et par an en forêt domaniale, et de 1,5 m3 en forêt des collectivités. Que les Français se rassurent, l’ONF est loin de mener une politique intensive d’exploitation des forêts publiques.
Le dernier rapport du GIEC l'affirme : une gestion durable et une utilisation du bois rendue possible par la coupe des arbres constitue une des réponses à la lutte contre le changement climatique. "Lorsque le carbone du bois est transféré dans les produits ligneux récoltés, ceux-ci peuvent stocker du carbone sur le long terme, et être substitués à d'autres matériaux plus énergivores", précise le Groupement d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec).
L’exploitation durable et raisonnable des forêts, comme la pratiquent les forestiers de l’ONF, est un puissant levier de transition écologique pour agir concrètement en faveur d’un développement durable soucieux d’un juste équilibre entre les besoins de l’Homme et la Nature.
Des coupes de bois encadrées
A l’ONF, cette gestion durable préconisée par les scientifiques du GIEC est définie et encadrée par une feuille de route : "l’aménagement forestier". Coupes d’arbres, travaux d’entretien de la forêt, remise en état des milieux, protection des sols, renouvellement de la forêt par régénération naturelle ou par plantation, protection environnementale, accueil des usagers : chaque forêt publique dispose d’un programme d’action sur 20 ans et de réglementations strictes à respecter.
Les forestiers n’agissent pas seuls, mais en véritables partenaires d’une politique territoriale : tout plan de gestion forestier est ainsi approuvé par arrêté ministériel en forêt domaniale et par arrêté préfectoral en forêt communale, après de larges consultations et concertations.
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Des actions respectueuses des sols
Les forestiers le savent : protéger l’intégrité physique et biologique des sols, c’est préserver la croissance des arbres et la vitalité des forêts. En effet, la porosité des sols forestiers permet la circulation de l’eau et de l’air sous terre, indispensable au développement des racines. Autre enjeu majeur, les sols sont un immense réservoir de carbone et de biodiversité. Eviter leur tassement est donc un enjeu majeur.
A la question : pourquoi de grosses machines roulent en forêt lors des travaux d’abattage ? Didier Pischedda, expert national exploitation forestière et logistique, répond : "les équipements que nous utilisons sont adaptés aux sols sensibles. Un engin forestier de plusieurs tonnes équipé de chenilles élargies génère une pression au sol réduite". D'autres techniques sont également favorisées. "Nous essayons de développer, notamment aux côtés de la FNEDT, le débardage par câble pour limiter les impacts terrestres des travaux et réduire l’empreinte carbone liée aux transports. C’est aussi le sens de notre engagement pour le déploiement des ballons dirigeables aux côtés de la société Flying Whales", poursuit Didier Pischedda.
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Privilégier la diversité des essences
Chênes, hêtres, châtaigniers, pins, épicéas, sapins : telles sont les sept familles principales d’arbres en France. Si chaque forêt dispose d’une essence emblématique, favorisée par les forestiers, la diversité des peuplements est essentielle. "Les forêts publiques ne sont pas des champs de palmiers, il n’y a pas de monoculture à l’ONF", témoigne Régine Touffait de la direction forêts et risques naturels à l’ONF. Lorsque les promeneurs déambulent au milieu de majestueuses forêts de chênes, ils aperçoivent d’autres arbres en "sous-étage", comme des hêtres ou des charmes par exemple. Le développement de ces derniers est volontairement favorisé pour apporter aux plus beaux peuplements le bon dosage de la lumière, mais aussi pour enrichir la diversité écologique des milieux. La résilience des forêts face au dérèglement climatique passera par plus de diversité.
Autre élément : à l’ONF, les forestiers privilégient la régénération naturelle des forêts, à hauteur de 80%. Autrement dit, ils laissent faire la nature et la germination naturelle des graines apportées par le vent et certains animaux "disperseurs". Le travail des hommes vient ensuite, en accompagnement de cette dynamique. Avec la coupe, le forestier ne fait que reproduire une stratégie de reproduction développée par la nature. C’est l’arrivée de la lumière au sol et l’enlèvement des arbres adultes qui accaparent les nutriments qui permettront aux semis de se développer. Avec le changement climatique cependant, les plantations, qui représentent aujourd’hui 20 % de la régénération des forêts, devraient être de plus en plus nombreuses. L’objectif : privilégier des essences résistantes aux évolutions à venir et renforcer la diversité génétique des peuplements. "Les dépérissements liés aux effets de la sécheresse de cet été et aux crises sanitaires nous poussent à accentuer notre action en ce sens", explique-t-on à l’ONF.
Aujourd’hui, une forêt durablement gérée est une forêt mieux armée pour lutter contre le réchauffement climatique qui ne fait que s’accentuer. A l’inverse, une forêt vieillissante et non entretenue est plus vulnérable aux perturbations. Plus que jamais, l’action de l’ONF se situe à la croisée des défis du XXIe siècle. Les forêts publiques françaises et le savoir- faire évolutif des forestiers constituent un atout incontournable pour contribuer au nécessaire développement durable de notre société.
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