Relance énergétique: le plan de l'AIE pour concilier climat, croissance et emploi

Relance énergétique: le plan de l'AIE pour le climat, la croissance et l'emploi
  • AFP
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Investir massivement pour une relance énergétique qui concilie emplois, croissance et climat: c'est l'équation que veut résoudre l'Agence internationale de l'énergie (AIE) avec un plan post-Covid 19 qui est déjà critiqué par des ONG.

"Les gouvernements ont une opportunité telle qu'on n'en rencontre qu'une fois dans la vie de relancer leurs économies et l'emploi tout en accélérant le passage vers un futur énergétique plus résilient et plus propre", souligne Fatih Birol, le directeur exécutif de l'AIE, qui a présenté son rapport jeudi.

L'Agence basée à Paris, qui conseille des pays développés sur leur politique énergétique, suggère des investissements mondiaux d'environ 1.000 milliards par an ces trois prochaines années, soit environ 0,7% du PIB mondial.

Et ce, alors qu'elle a déjà alerté sur une chute historique des investissements dans l'énergie cette année à cause de la crise sanitaire et économique.

Mais avec ces sommes bien investies, elle estime qu'une série d'objectifs importants pourraient être atteints: accélérer la croissance économique mondiale de 1,1 point par an, créer ou sauvegarder 9 millions d'emplois annuellement mais aussi réduire la pollution de l'air tout en permettant l'accès à l'électricité de centaines de millions de foyers pauvres.

L'AIE veut surtout éviter que la reprise économique ne s'accompagne d'un fort rebond des émissions de gaz à effet de serre du secteur de l'énergie, comme cela a pu être le cas après la crise de 2008. Le CO2 lié à l'énergie devrait chuter de 8% cette année, la plus forte baisse jamais enregistrée, mais l'AIE s'inquiète pour les prochaines années.

"Ce plan évite le rebond des émissions et fait de 2019 leur pic définitif. Il place les émissions mondiales sur un déclin structurel", a assuré Fatih Birol lors d'une vidéoconférence.

Ces estimations, contenues dans un rapport de plus de 160 pages, ont été réalisées dans le cadre d'un partenariat avec le Fonds monétaire international (FMI).

Elles s'appuient sur trente propositions dans six domaines: électricité, transport, industrie, bâtiments, carburants et nouvelles technologies propres.

- "timing " -

L'AIE préconise ainsi des investissements pour améliorer les réseaux électriques, développer les barrages hydro-électriques, prolonger la vie des centrales nucléaires ou encore pour améliorer l'efficacité énergétique.

Ces mesures doivent permettre de réduire les risques de black-out, améliorer la flexibilité et permettre d'intégrer plus largement les énergies renouvelables comme l'éolien et le solaire.

L'agence prône aussi le soutien public à l'innovation pour des technologies comme l'hydrogène, les batteries, les petits réacteurs nucléaires modulaires ou la captation et la séquestration du CO2.

Parmi d'autres sujets, l'AIE s'intéresse encore aux transports, prônant des aides pour encourager l'achat de véhicules plus sobres mais aussi le soutien aux transports en commun ou l'expansion des réseaux de train à grande vitesse...

"Ce rapport présente les données et les analyses montrant qu'un futur énergétique plus propre, juste et sûr est à portée de main", selon Fatih Birol, qui espère convaincre une "grande coalition" de ministres, patrons, investisseurs et autres décideurs.

"On ne leur montre pas ce qu'ils doivent faire mais ce qu'ils peuvent faire", a souligné M. Birol. Il explique avoir publié ce rapport au moment où de nombreux gouvernements réfléchissent à leur plan de relance: "le timing est très important pour nous".

Ces conclusions seront d'ailleurs discutées lors d'une réunion de ministres à Paris le 9 juillet.

Comme souvent, l'AIE a été aussitôt critiquée par certaines ONG de défense de l'environnement qui l'accusent de ne pas aller assez loin.

"Le rapport s'obstine à ménager toutes les formes d'énergie et fait l'impasse sur la nécessaire sortie des hydrocarbures" et les recommandations de l'AIE ne sont "toujours pas alignées avec l'objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C", ont ainsi estimé Oil Change International et Reclaim Finance


N.D.L.R Verre à moitié vide ou moitié plein ?


On  peux s’étonner que l'AIE (*)  fasse l'impasse sur la sortie des hydrocarbures, étant donné qu"ils représentent 80% de l'énergie primaire mondiale consommée et surement un % important des préoccupations de ses membres ?

L'estimation financière d'un investissement de 1000 milliards par an pour ces 3 prochaines années montre que la situation actuelle n'est pas "saine", et qu'il y a urgence, reste à lire ces 30 propositions  pour les commenter !


(*)
’Agence internationale de l’énergie (AIE ou IEA en anglais) est une organisation intergouvernementale autonome rattachée à l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE). Elle est composée de 30 pays membres, pour la plupart importateurs de pétrole.

Fondée en 1974 à la suite de la première crise pétrolière, elle a initialement pour vocation de coordonner les mesures à prendre en cas de difficultés d’approvisionnement sur les marchés pétroliers, et plus globalement de garantir la sécurité énergétique de ses membres.


Les 30 pays membres de l'AIE sont: l’Allemagne, l’Australie, l’Autriche, la Belgique, le Canada, la Corée du Sud, le Danemark, l’Espagne, l'Estonie, les États-Unis, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, le Japon, le Luxembourg, le Mexique, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la République tchèque, le Royaume-Uni, la Slovaquie, la Suède, la Suisse, la Turquie.