Aujourd’hui, l’agriculture n’a qu’une obsession, le rendement.
Respectueuse de la nature et de l’homme, la permaculture s’affiche comme
une agriculture durable.
Une alternative rentable selon l’INRA qui
s’est penchée sur le cas de la luxuriante Ferme du Bec Hellouin.
Produire à la main une profusion de fruits et légumes sur une petite surface, c’est le défi de la permaculture. Basée sur un ensemble de techniques visant à créer une production agriculture durable et écologique, ces pratiques sont respectueuses de l’homme, des animaux et de l’environnement. Très peu mécanisé et en circuit-court, ce concept simple a séduit la Ferme du Bec Hellouin dans l’Eure qui favorise la diversité et s’oppose à l’uniformité induite par l’agriculture industrielle.
Pour la première fois, une étude scientifique s’est penchée sur la viabilité économique de ce modèle agricole alternatif. Après quatre années d’étude (2011-2015) au sein de cette ferme normande gérée en permaculture, l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) a validé la permaculture comme une activité rentable.
La Ferme du Bec Hellouin, un modèle de permaculture
À l’origine de ce projet, Perrine et Charles Hervé-Gruyer, un couple qui n’avait aucune expérience agricole, ont eu l’envie de produire autrement. “L’idée n’est pas de produire beaucoup mais de favoriser avec une diversité de plantes et d’animaux” souligne Charles. Le couple a fait le choix d’une agriculture bio affranchie des énergies fossiles et pourtant productive. Un franc succès désormais validé par l’INRA.
Un revenu satisfaisant pour les agriculteurs
Portée sur une parcelle-type de 1000m2, l’objectif de cette étude était de savoir si une si petite surface permettait de rémunérer une personne à temps plein. Le modèle de la ferme est triomphant puisqu’elle peut dégager un revenu horaire de 5,4 à 9,5 € pour une semaine de 43 heures grâce à une productivité élevée, soit un salaire mensuel net de 900 à 1570 €. Un revenu agricole qui “apparaît tout à fait acceptable, voire supérieur, au regard des références couramment admises en maraîchage biologique diversifié” selon l’INRA.
Une bonne nouvelle donc pour tous ceux qui se tournent vers ce mode d’agriculture alternatif. Ce modèle séduit de plus en plus, à l’exemple des nombreuses formations en permaculture, maraîchage et jardinage que proposent “l'Ecole de Permaculture du Bec Hellouin” dont la vocation est d’être un lieu de production mais aussi de recherche et de transmission.
Entre permaculture et micromaraîchage
Pour François Léger (ingénieur de recherche AgroParisTech et du ministère de l’agriculture.le facteur), la clé de cette réussite est l’intensification : "cultiver une très petite surface avec le maximum de soin et de productivité, sans perdre d’espace ni de temps de culture", rapporte l’INRA.
8 principes inspirants à emprunter à la Ferme du Bec Hellouin
- Pas de produits phytosanitaires ni d’engrais de synthèse mais l’utilisation du compost (pour entretenir la fertilité du sol) et du paillage (pour entre autres retenir l’eau).
- Pas ou peu de mécanisation.
- Plusieurs types de buttes et plates-bandes cultivables toute l’année.
- Grande diversité de production.
- Associations d’espèces pour explorer la verticalité, cultures relais (une culture démarre avant la fin de la précédente).
- Agroforesterie (vergers maraîchers).
- Optimisation de la circulation dans la ferme pour gagner du temps de travail : par exemple, la réorganisation du « jardin Mandala » d’une forme de spirale à une forme en rayons a eu un effet spectaculaire !
- Commercialisation en circuits courts : paniers hebdomadaires, vente à des magasins bio, à des restaurateurs.
Sources: l'INRA et la Ferme du Bec Hellouin