Telle était la tonitruante affirmation proférée le 26 février dernier par le meilleur infectiologue au monde (selon le classement expertscape),
accueillie pourtant avec scepticisme et même sarcasmes par la
communauté scientifique. Trois semaines plus tard, la réalité est en
train de lui donner raison. Révélant au passage que nous aurions à peu
près tout faux face au virus. Ce qui est en fait une excellente nouvelle
! NB
le présent article est mis à jour quotidiennement en fonction des
nouvelles données qui nous parviennent et des éventuelles imprécisions
qui me sont signalées. Nous
voici donc nous dit-on en « état de guerre ». Nouveauté certes pour nos
générations qui (sauf pour les plus anciens) n’ont connu que des temps
de paix. L’Europe est sous un quasi-couvre-feu, avec une restriction massive des libertés individuelles
et une casse économique et sociale qui promet d’être dramatique. Les
discours des chefs d’état s’enflamment à qui mieux mieux: nous sommes «
attaqués », l’ennemi est « invisible », « sournois », « redoutable »
mais nous en viendrons à bout ! Ce genre de vocabulaire paraît d’un
autre âge. La réalité est plus prosaïque : nous subissons la
contamination à large échelle par un virus qui est un pur produit de la
rencontre entre la bêtise humaine (l’entassement dans des cages
superposées d’animaux sauvages de diverses espèces dans des marchés
insalubres…) et de l’inventivité du vivant. La bestiole a donc franchi la barrière inter-espèces
et s’est propagé à partir de là au sein de la nôtre avec la fulgurance
propre à ces toutes petites choses. Ce n’est pas une guerre, nous ne
pourrons jamais vaincre ou éradiquer cette créature. Nous prémunir
contre ses dégâts si, puis nous aurons à apprendre à vivre avec elle. Ce
qui réclame une autre intelligence que celle des slogans martiaux
sanitaires…
Précaution liminaire Je
l’ai dit et le répète : en ces temps de mobilisation collective, nous
avons tous à respecter scrupuleusement les mesures qui sont imposées.
Même si on doute de celles-ci ou qu’on les trouve inadaptées, aucun
d’entre nous ne peut se donner le droit de suivre sa propre idée. Cette
compliance -que je n’ai cessé de prôner- m’habite inconditionnellement. Par
contre, cette obéissance civile ne doit surtout pas conduire à une
interdiction de penser ou de parler. Nous vivons des temps hautement
traumatiques, avec des dégâts sur la population qui seront
considérables. Donner sens à ce que nous vivons, nous renseigner, oser
poser des questions est non seulement un droit inaliénable mais aussi
une nécessité vitale ! J’ai
lu passablement de commentaires ironiques sur le nombre soudain de
virologues ou d’épidémiologies amateurs s’exprimant sur les réseaux
sociaux, ce que je peux comprendre. Mais je pense à l’inverse que plus
les citoyennes et citoyens s’intéresseront à ce qui nous arrive, plus
ils s’informeront ou même se documenteront, mieux cela nous aidera à
mettre en dialogue ce que nous vivons, ce qui essentiel à la fois pour
notre santé psychique individuelle et notre résilience collective. On
m’a parfois objecté que j’avais une responsabilité en tant que
scientifique, que les analyses que je pouvais faire (toutes pertinentes
qu’elles soient) risquaient d’être mal interprétées ou pousser les gens à
faire n’importe quoi. Je le rappelle donc : nous avons tous à suivre
sans discuter les instructions des autorités. Et abstenons-nous
strictement de toute automédication, en particulier en ce qui concerne
les substances que je mentionnerai plus loin. Utilisées hors suivi
médical strict, elles peuvent en effet être dangereuses. Ceci posé,
allons-y !
D’où je parle… Je
suis anthropologue de la santé et expert en santé publique. Mon métier
consiste depuis plus de 30 ans à étudier les pratiques des soins et les
dispositifs sanitaires. J’arrive à un âge où l’on sait (hopefully) qu’on n’est pas le nombril du monde et (sauf exception)
qu’on n’a pas inventé le fil à couper le beurre. J’ai quelques
références dans mon domaine, comme celle d’être (malgré l'embarrassante
immodestie de ce propos) un des meilleurs connaisseurs actuels des
processus de salutogenèse et de rétablissement ainsi que des
déterminants de la santé. Ce qui m’a valu d’être invité à enseigner dans
une quinzaine de programmes universitaires et de hautes écoles en santé
(Facultés de médecine de l’UNIGE et de l’UNIL, EPFL, IHEID, Universités
de Montréal, Fribourg, Neuchâtel, etc.) J’ai exercé ma profession hors
des milieux académiques, préférant agir au sein des politiques de santé
ainsi que sur le terrain. J’ai créé différents dispositifs
socio-sanitaires innovants, en particulier en santé mentale, dont
certains font encore référence aujourd’hui. Je
m’excuse pour ce petit étalage. C’est le prix à payer pour me prévaloir
d’une (modeste) compétence quant à ce que je vais maintenant avancer.
Banal ou pas banal ? Depuis
le début de l’émergence du coronavirus, je partage mon analyse qu’il
s’agit d’une épidémie plutôt banale. Le terme peut choquer quand il y a
des morts, et a fortiori dans la crise sanitaire et la dramaturgie
collective hallucinée que nous vivons. Pourtant, les données sont là :
les affections respiratoires habituelles que nous vivons chaque année
font bon an mal an 2'600'000 morts à travers le monde. Avec le Covid-19,
nous en sommes, au quatrième mois, à 12'000 décès, et avec le pays
initialement le plus touché qui est parvenu à juguler l'épidémie. Nous
sommes très très loin d'avoir un effet statistiquement significatif au
regard de la mortalité habituelle et en particulier de la surmortalité
saisonnière. Je
l’ai dit et je le répète : le même traitement politique ou
journalistique appliqué à n’importe quel épisode de grippe saisonnière
nous terrifierait tout autant que l’épidémie actuelle. Comme la mise en
scène (avec décompte en live des victimes) de n’importe quel problème
sanitaire d’envergure, qu’il s’agisse des maladies cardiovasculaires,
des cancers ou aux effets de la pollution atmosphérique nous ferait
frissonner d’effroi tout autant et même infiniment plus ! Nous savons aujourd’hui que le Covid-19 est bénin en l'absence de pathologie préexistante. Les plus récentes données en provenance d'Italie confirment que 99% des personnes décédées
souffraient d'une à trois pathologies chroniques (hypertension,
diabète, maladies cardiovasculaire, cancers, etc.) avec un âge moyen des
victimes de 79,5 ans (médiane à 80,5) et très peu de pertes en-dessous
de 65 ans.
Les quatre plus grands facteurs à l'origine des maladies chroniques étant :
- La malbouffe.
- La pollution.
- Le stress.
- La sédentarité.
Les maladies chroniques, responsables d'à peu près 80% des décès annuels dus à la morbidité, seraient très largement évitables
si nous nous donnions les moyens de protéger la population plutôt que
de sacrifier sa santé au profit d'intérêts industriels. Nous avons
depuis des décennies accordé des facilités coupables à des industries
hautement toxiques au détriment du bien commun et de la santé de
population (pour un développement de ce constat, se référer à l’article suivant). Nous en payons aujourd'hui une nouvelle fois le prix, sous une forme nouvelle. Il
faut oser le dire : ce n’est pas le virus qui tue, ce sont les
pathologies chroniques qui rendent une infection au SARS-CoV-2
potentiellement fatale à certains patients déjà lourdement touchés par
ces maladies de société, alors qu'il est il est bénin pour les personnes
en bonne santé.
Stats et probas en folie Il
y a un autre problème : les taux en particulier de complications et de
mortalité qu’on nous brandit sous le nez jour après jour ne veulent rien dire.
En l’absence de dépistage systématique de la population, nous n’avons
aucune donnée fiable à laquelle référer les données dont nous disposons
(nombre de cas déclarés et de décès). C’est
un classique en épidémiologie : si vous ne dépistez que les morts, vous
parviendrez à 100% de taux de mortalité ! Si vous ne testez que les cas
critiques, vous en aurez moins mais encore beaucoup plus qu’en réalité.
Si vous dépistez beaucoup, vous aurez beaucoup de cas alors que si vous
dépistez peu, le nombre de cas sera faible. La cacophonie actuelle ne
permet juste pas d’avoir la moindre idée de la progression réelle du
virus et de sa diffusion. Les
estimations les plus crédibles laissent penser que le nombre de
personnes déclarées positives au Covid est très largement inférieur au
nombre de personnes réellement infectées, dont à peu près la moitié ne se rendra même pas compte qu’elle a contracté le virus. Pour un redoutable tueur, il est parfois plutôt débonnaire… Nous
n’avons donc à ce stade aucune idée de l’ampleur réelle de la
propagation du virus. La bonne nouvelle est que les données réelles (en
particulier les taux de complications et de mortalité) ne peuvent être
que largement inférieures à ce qui est couramment avancé. La létalité
réelle, comme annoncé dans un précédent article, doit en fait s'établir
au plus à 0,3% et probablement encore moins. Soit moins du dixième des
premiers chiffres avancés par l’OMS. Les dernières modélisations évaluent à un ratio minimal de 1:8 (et possiblement jusqu'à 1:47 voire encore moins)
le nombre de cas détectés vs non détectés, dépendamment des stratégies
de dépistage mises en œuvre selon les pays. En date du 16 mars par
exemple, on recensait 167'000 cas déclarés à travers le monde alors qu'une bonne estimation du nombre global
de personnes infectées s'élevait à plus de 1'000'000. Une équipe de
recherche universitaire américaine m'a fait part qu'ils évaluaient
(étude à publier) actuellement à 800'000 le nombre de personnes
réellement infectées en Chine (et donc très probablement immunisées)
pour 3'118 décès. Soit effectivement un taux de mortalité de 3/1000. Des
lecteurs m'ont entretemps écrit pour m'indiquer que je m'étais trompé,
que le nombre de cas en Chine était de 80'000 et non de 800'000 ! A
nouveau, ils se réfèrent au nombre de cas avérés, qui n'est que la
partie émergée de l'iceberg. Le taux de dépistage reste faible même dans les pays qui ont pris massivement cette voie. S'il reste impossible de connaître le nombre de cas inconnus (!), on est de toute manière très loin des statistiques disponibles basées sur des données lacunaires.
Fin du monde ou pas ?! Pareillement,
les projections qui sont faites pour imaginer le nombre de morts
possibles sont rien moins que délirantes. Elles reposent sur un
« forçage » artificiel et maximal de toutes les valeurs et coefficients.
Elles sont faites par des gens qui travaillent dans des bureaux, devant
des ordinateurs et n’ont aucune idée ni des réalités de terrain, ni de
l’infectiologie clinique, aboutissant à des fictions absurdes. On
pourrait leur laisser le bénéfice de la créativité et de la
science-fiction. Malheureusement, ces projections, littéralement
psychotiques, font des dégâts massifs. Mon
expérience en santé mentale me fait éviter strictement les expressions
toutes faites comme « schizophrénie » ou « psychose », qui sont à peu
près toujours utilisées abusivement et d’une manière désobligeante pour
les personnes concernées. Médicalement, la psychose se caractérise par
des distorsions cognitives, perceptuelles et affectives entraînant une perte de contact avec la réalité. Ici, le terme est hélas pleinement indiqué. J’en
appelle à mes collègues de la Faculté de médecine et autres instituts
universitaires pour qu’ils arrêtent de produire et de colporter des modélisations fausses et anxiogènes.
Ces experts se protègent en reconnaissant par précaution de langage le
caractère outrancier de leurs formalisations, les journalistes le
mentionnent scrupuleusement (c’est à leur crédit), on n'en construit pas
moins diligemment un sentiment de fin du monde qui non seulement n’a
absolument pas lieu d’être, mais de surcroît est lui-même profondément
nocif ! On
peut certes donner crédit à nos dirigeants d’envisager le pire du pire
du pire sur la base de ces élucubrations pour ne surtout pas prendre le
moindre risque qu’il se produise. En attendant, on construit une
hallucination -collective- sur la base de chiffres qui ne veulent rien
dire. La réalité, à nouveau, est que cette épidémie est largement moins
problématique et dangereuse que ce qui est affirmé, le visionnement de
la première vidéo référencée en fin d’article donnera au lecteur (ou la
lectrice) les éléments nécessaires à comprendre le bien-fondé de cette
affirmation.
Oui, mais tous ces morts et ces services engorgés ?! C’est
hélas le vrai point noir : s’il n’y avait pas ces cas graves,
l’épidémie serait insignifiante. Il se trouve qu’elle entraîne des
complications rares mais redoutables. Comme me l'écrivait le Dr Philippe
Cottet, en première ligne aux HUG : « il faut le dire, les
pneumonies virales sont rarissimes d’habitude en Suisse. Elles ont un
tableau clinique fruste et d’évolution parfois fulminante, dont les
signes annonciateurs sont difficilement identifiables face aux cas plus
bénins. C’est un réel challenge clinique, sans compter le nombre de cas
simultanés... » C’est
l’existence de ces cas graves (estimés à 15% des cas, probablement en
réalité 10 fois moins) qui justifie que l’on ne s’en remette pas
simplement à l’immunité de groupe.
On nomme ainsi ce processus par lequel chaque personne qui contracte le
virus et n'en meurt pas s’immunise, la multiplication des immunisés
conduisant à un effet collectif de protection immunitaire… En
l’absence -jusqu’à il y a peu- de traitement pour protéger ou guérir
les personnes à risque, le choix de laisser l’immunité se construire en
laissant circuler le virus est apparu comme étant trop dangereux.
Prendre cette direction s'avérait éthiquement indéfendable du fait de la
gravité des risques que cela aurait fait courir -et des conséquences
possibles- pour les groupes de personne à risque. Reste
le dramatique engorgement des services d'urgence du fait de l'abondance
de cas, et le stress majeur qu'il fait porter à des équipes soignantes
laissées à elles-mêmes et prenant de plein fouet la réduction des moyens
opérée depuis 20 ans. Je
comprends le désarroi des équipes, comme même une possible colère face
aux éléments que j'avance. La santé publique est profondément autre que
la clinique, nous ne travaillons pas à la même échelle. Chaque décès
prématuré est un drame que vivent durement les équipes soignantes, je
m'en voudrais sincèrement de donner l'impression d'y être indifférent.
Mais nous devons faire ce travail de contraste et de granularité pour y
voir juste. C'est
une des difficultés de la santé publique : la médecine comme le
journalisme travaillent dans le cas particulier. En médecine, c'est pour
cela par exemple qu'il n'y a pas "remède-miracle". Chaque personne sera
susceptible de réagir différemment à un traitement. En
journalisme, on cherche à illustrer une thématique avec des cas
particuliers, en montrant donc des images et paroles souvent choquantes.
En santé publique, on n'agit pas à ce niveau "narratif" singulier. On
collecte des données pour voir les contours exacts d'une problématique.
Ainsi à l'échelle mondiale, le taux de mortalité pour les tranches d'âge inférieures à 60 ans est de 1,8%. Ces cas existent bel et bien, mais ils sont heureusement marginaux. Un possible motif d'inquiétude en revanche est cette affirmation qu'il y aurait des personnes jeunes en quantité non négligeable atteintes de pneumonie et placées sous assistance respiratoire. Elles semblent heureusement survivre si on les place sous assistance respiratoire
les quelques jours où elles en ont besoin, mais c'est bien le nombre de
lits en soins intensifs qui est dès lors à risque de poser problème si
l'encombrement des services de réanimation se poursuivait.
Funeste paradoxe C’est dans ce paradoxe compliqué entre la très grande innocuité du virus pour l'immense majorité des gens et sa dangerosité extrême
dans certains cas que nous sommes trouvés coincés. Nous avons alors
adopté des mesures absolument contraires aux bonnes pratiques : renoncer
à dépister les personnes possiblement malades et confiner la population
dans son ensemble pour enrayer la diffusion du virus. Mesures à vrai
dire moyenâgeuses et problématique puisqu’elles ne ralentissent
l’épidémie qu’au risque de phénomènes de rebond potentiellement encore
pires. Et qu’elles enferment tout le monde alors qu’une faible minorité
seulement est concernée. Toutes les recommandations en santé publique
sont à l’inverse de dépister le plus de cas possibles, et de confiner uniquement les cas positifs le temps qu’ils ne soient plus contagieux. Le
confinement général constitue un pauvre pis-aller face à l'épidémie dès
lors qu’on manque de tout ce qui permettrait de lutter efficacement
contre elle… Pourquoi
en est-on arrivé là ? Simplement parce que nous avons défailli à mettre
d’emblée en place les bonnes réponses. Le manque de tests et de mesures
de dépistage en particulier est emblématique de ce naufrage : alors que
la Corée, Hong-Kong, Taiwan, Singapour
et la Chine en faisaient la priorité absolue, nous avons été d’une
passivité invraisemblable à organiser la mise à disposition de quelque
chose de techniquement simple. Les
pays mentionnés ont mis à profit l’intelligence artificielle notamment
pour identifier les chaînes de transmissions possibles pour chaque cas
positifs (avec les smartphones, on peut par exemple faire l’inventaire
des déplacements et donc des contacts que les personnes infectées ont eu
avec d’autres personnes dans les 48h précédent l’apparition des
symptômes). Enfin, nous avons réduit de manière importante la capacité de nos hôpitaux au cours de la décennie écoulée et nous retrouvons en manque de lits de soins intensifs
et de matériel de réanimation. Les statistiques montrent que les pays
les plus touchés sont ceux qui ont réduit massivement les capacités des
services de soins intensifs.
Rien de tout ceci n’a été pensé, alors que le risque de pandémie est un risque sanitaire majeur, connu, et face auquel nous sommes sensés avoir préparé les bonnes réponses depuis longtemps.
Nous nous sommes retrouvés, alors que nous aurions eu le temps de nous
préparer, en manque de tout ce qui aurait été nécessaire pour faire face
à l'épidémie : non seulement bien sûr des tests de dépistage mais aussi
du matériel sanitaire de première nécessité comme les gels
hydralcooliques ou les masques protecteurs pour le personnel soignant !
Comme le souligne avec consternation le Pr Philippe Juvin, chef des urgences de l'hôpital Pompidou : "La
France est aujourd'hui un pays sous-développé en matière de santé :
sinon, comment appelez-vous un pays qui n'est pas capable de fournir un
masque à ses concitoyens ?!" La vérité, c’est que nous sommes complètement dépassés. Il
suffit de consulter les données avérées dans les pays cités pour, je
l'espère, pouvoir admettre que les pertes sont la conséquence de notre
panade sanitaire. Singapour, à mi-février, était le deuxième pays le plus touché au monde après la Chine,
avec le même nombre de "premiers contaminateurs que plus tard en
Italie, en France, en Espagne et en Suisse. Le nombre de morts à ce
jour, un mois plus tard (22 mars), en tout et pour tout : deux, contre 5'476 en Italie ! Le
virus n'est évidemment pas différent d'un pays à l'autre ! Ce sont bien
les caractéristiques de la réponse sanitaire qui font la différence
entre des milliers de morts et quelques-uns. On comprend qu'il soit
tentant ou plus facile de jouer sur les métaphores guerrières que de
reconnaître notre tragique impréparation…
Fin de partie ?! Le
premier expert mondial en matière de maladies transmissibles s’appelle
Didier Raoult. Il est français, ressemble au choix à un Gaulois sorti
d’Astérix ou un ZZ top qui aurait posé sa guitare au bord de la route.
Il dirige l’Institut hospitalier universitaire (IHU) Méditerranée-Infection à Marseille,
avec plus de 800 collaboratrices et collaborateurs. Cette institution
détient la plus terrifiante collection de bactéries et de virus « tueurs
» qui soit et constitue un des meilleurs centres de compétences en
infectiologie et microbiologie au monde. Le Pr Raoult est par ailleurs
classé parmi les dix premiers chercheurs français par la revue Nature,
tant pour le nombre de ses publications (plus de deux mille) que pour
le nombre de citations par d’autres chercheurs. Il a suivi depuis le
début du millénaire les différentes épidémies virales qui ont frappé les
esprits et noué des contacts scientifiques étroits avec ses meilleurs
collègues chinois. Parmi ses hauts faits, il a découvert des traitements
(notamment avec la chloroquine…) qui figurent aujourd’hui dans tous les
manuels d’infectiologie au monde. Le
26 février, il publiait donc une vidéo retentissante sur un canal en
ligne (comprenant le mot « tube ») pour affirmer : « Coronavirus, fin de
partie ! » La
raison de son enthousiasme ? La publication d’un essai clinique chinois
sur la prescription de chloroquine, montrant une suppression du portage
viral en quelques jours sur des patients infectés au SARS-CoV-2. Des
études avaient déjà montré l’efficacité de cette molécule contre le
virus en laboratoire (in vitro). L’étude chinoise confirmait cette efficacité sur un groupe de patients atteints (in vivo).
Suite à cette étude, la prescription de chloroquine fut incorporée aux
recommandations de traitement du coronavirus en Chine et en Corée, les
deux pays qui sont le mieux parvenus à juguler l’épidémie… La chloroquine est
une molécule mise sur le marché en 1949, largement utilisée comme
antipaludique. Tous les voyageurs des pays tropicaux se souviendront des
comprimés de nivaquine (un de ses noms commerciaux) qui leur étaient
prescrits à titre préventif contre la malaria. Ce remède a ensuite été
remplacé par d’autres pour certaines zones géographiques, restant en
usage pour certaines destinations.
L’hydroxychloroquine (nom commercial : plaquenil) a quant à elle été préparée en 1955 et présente une hydroxylation sur un des deux groupes éthyle de la chaine latérale.
So what ?! Pourquoi
vous parler de cela ? Eh bien parce que le Pr Raoult et ses équipes
sont les meilleurs spécialistes actuels au monde de l’utilisation de la
chloroquine. Il avait notamment eu l’idée géniale de l’essayer contre
des bactéries intracellulaires (qui pénètrent les cellules comme les
virus), en particulier les Ricksettia. L’IHU de Marseille dispose donc
d’une expérience clinique et pharmacologique sans équivalent quant à
l’usage de cette molécule. La chloroquine a également démontré une puissante efficacité thérapeutique contre la plupart des coronavirus, dont le redouté SRAS
de sinistre mémoire. Raoult trouva donc dans l’essai clinique chinois
la confirmation que la chloroquine était aussi indiquée contre le
Covid-19. Il
fut toutefois accueilli comme un cheveu sur la soupe, ses confrères
dénigrant d’emblée sa proposition. Les journalises du Monde allèrent
même jusqu’à qualifier sa communication de « fake news », accusation
reprise sur le site du ministère de la santé pendant quelques heures
avant d’être retirée. Le
Pr Raoult obtint pourtant dans la foulée l’autorisation de conduire un
essai clinique sur 24 patients dans son service et fut appelé à faire
partie du comité pluridisciplinaire de 11 experts formé en mars par
l'exécutif français, afin "d'éclairer la décision publique dans la gestion de la situation sanitaire liée au coronavirus". Les
résultats de l’essai clinique étaient attendus avec impatience, en
premier chef par votre serviteur. Nous savons la prudence requise face à
de substances prometteuses et l’importance de ne rien avancer avant que
la recherche confirme ou non une hypothèse La science n’est ni
divination ni magie, elle est observation, test, puis le cas échéant
validation. Ces résultats
sont finalement tombés le 16 mars, confirmant l’obtention d’effets
thérapeutiques spectaculaires. La méthodologie est robuste (c'est en
tout cas l'avis du Pr Bleibtreu de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à
Paris), l’IHU de Marseille ayant pu comparer la négativation du portage
viral chez les patients qui ont suivi le protocole avec des patients
d’Avignon et de Nice qui n’ont pas reçu le traitement. « Ceux
qui n’ont pas reçu le Plaquenil [médicament à base
d’hydroxychloroquine] sont encore porteurs à 90 % du virus au bout de
six jours, tandis qu’ils sont 25 % à être positifs pour ceux qui ont
reçu le traitement », explique le professeur Raoult. Mais
ça ne s’arrête pas là : l’IHU Méditerrannée- Infection conseille
(comme d’autres) depuis longtemps de donner concomitamment un
antibiotique dans les infections virales respiratoires « parce
qu’elles se compliquent surtout de pneumopathies. Donc tous les gens qui
présentaient des signes cliniques qui pouvaient évoluer vers une
complication bactérienne de pneumopathie, on leur a donné de
l’Azithromycine. Il a été démontré que ça diminue les risques chez les
gens qui ont des infections virales. L’autre raison, c’est que
l’Azithromycine a montré en laboratoire qu’elle était efficace contre un
grand nombre de virus, bien que ce soit un antibiotique. Donc quitte à
choisir un antibiotique, on préférait prendre un antibiotique efficace
contre les virus. Et quand on compare le pourcentage de positifs avec
l’association hydroxychloroquine et Azithromycine, on a une diminution
absolument spectaculaire du nombre de positifs. » ajoute-t-il.
Portage viral ? Une étude publiée dans la revue Lancet le 11 mars
avait entretemps révélé une donnée nouvelle mais essentielle : le temps
de portage viral (durée entre le début et la fin de l’infection- et
donc de contagiosité possible) s’avère supérieur à ce que l’on
croyait, avec une durée moyenne de 20 jours. Avec l’association
hydroxychloroquine / azithromycine, cette durée est réduite à 4-6 jours. La
réduction drastique du temps de portage viral donne non seulement
l’espoir de traiter les cas critiques, mais aussi de réduire le temps
nécessaire à une personne infectée pour ne plus être contagieuse. Et
donc présente des perspectives énormes pour prévenir la propagation du
virus. Cette nouvelle est bien sûr la meilleure nouvelle que l’on
pouvait attendre. Les autorités et les scientifiques l’ont donc
accueillie avec joie penserez-vous… Eh bien que nenni ! Les réactions qui se sont fait entendre disputaient dans un premier temps la bêtise à la méchanceté. Certes, ni les études chinoises, ni l’essai clinique marseillais n’a valeur de preuve (« evidence
») selon les critères de la recherche scientifique. Une réplication des
résultats par d’autres équipes est requise, sans même parler d’une
étude randomisée en double-aveugle, le top of the pop des méthodologies
de recherche. Mais
diable ! nous sommes dans une situation d’urgence. La chloroquine est
un des médicaments les mieux connus et les mieux maîtrisés (en
particulier par l’IHU de Marseille). On peut donc tabler sur une très
solide expérience relative au sujet de sa prescription. Se réfugier
derrière un intégrisme procédural est éthiquement indéfendable dès lors
qu’on parle d’un médicament qu’on connaît par cœur, qui a déjà démontré
son efficacité sur d’autres coronavirus, confirmée sur celui-ci par deux
essais cliniques, et alors que des vies sont en jeu jour après jour ! Raoult
a relevé avec ironie qu’il n’était pas impossible que la découverte
d’une nouvelle utilité thérapeutique pour un médicament tombé de longue
date dans le domaine public soit décevant pour tous ceux qui espèrent un
prix Nobel grâce à la découverte fracassante d’une nouvelle molécule ou
d'un vaccin… sans oublier la perspective des dizaines de milliards de
dollars de revenus à prendre, là où la chloroquine ne coûte
littéralement rien.
Célébration des soignants ! Depuis
quelques jours, la population confinée s’exprime chaque jour pour
rendre hommage aux soignants et les soutenir dans les circonstances
éprouvantes qu’ils vivent. Il s’agit d’une belle expression de
solidarité, évidemment méritée par des professionnelles et
professionnels remarquables d’abnégation et d’engagement, au front de
cette lourde souffrance et de ce nouveau danger, dans des conditions
redoutablement difficiles. Dans
les cercles des sommités, les choses sont hélas en général moins
reluisantes. La recherche et l’autorité médicales sont aussi souvent
faites de mesquineries, de manipulations, de malhonnêtetés ou d’abus en
tous genres, ainsi que de pitoyables mais violents combats d’ego. Sur
BFM TV, le Dr Alain Durcadonnet cassait aussitôt du sucre sur le dos de
Raoult en rappelant qu’une conclusion scientifique se publiait dans des
revues scientifiques et non pas par vidéo… Ceci alors, que dans sa
communication, le Pr Raoult (le chercheur français qui, rappelons-le, a
le plus publié dans les revues scientifiques dans son domaine) venait
évidemment de préciser que l’article décrivant son essai clinique avait
été envoyé pour publication à une revue à comité de lecture. Cette
anecdote montrant le niveau, comme les suivantes. Le 1er
mars, bien après la publication du premier essai clinique chinois, le
directeur général de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, Martin
Hirsch, disait ainsi au micro d’Europe 1 : "La chloroquine marche très bien dans une éprouvette, mais n’a jamais marché chez un être vivant", ce qui était déjà parfaitement faux ! Dans
les retours de la presse nationale, l’insistance est mise lourdement
sur le risque du surdosage avec la chloroquine, effectivement toxique
au-delà de 2 gr/jour en l’absence de comorbidité somatique. Les chinois
ont privilégié des doses de 2x 500 mg/jour pendant leur essai. Raoult et
son équipe, trouvant ce dosage excessif, préférant opter pour
600mg/jour. L’objection est donc d’une consternante vacuité- rappelons
que nulle équipe clinique ne connaît mieux cette molécule que celle de
Méditerranée-Infection. Cela reviendrait à dire à une équipe de
neurologues au sujet du Dafalgan qu'il peut être toxique s’il est mal
utilisé, et donc que ce n’est pas réellement une bonne idée d'envisager
de traiter les maux de tête avec ce médicament ! On
invoqua (si, si, lisez la presse !) sa "toxicité" alors qu'il s'agit
pour l'hydroxychloroquine d'un remède dont on connaît tous les risques,
ce à quoi Raoult répondit le 21 mars avec une publication "Toxicité Chloroquine-Azithromycin une crise de nerf française", citant une étude de 2011 portant sur la prescription d'hydroxychloroquine à 755 femmes enceintes. Ou encore des risques liés à une utilisation prolongée
(au-delà d'une année d'utilisation quotidienne), là où le traitement
proposé dure en moyenne 7 jours. L’IHU dispose de surcroît de
l’expérience de prescriptions exceptionnelles au long cours (jusqu’à
deux ans !) dans le cadre du traitement de certaines bactéries
intracellulaires. On a beau savoir qu’il est bon d’être charitable avec
son prochain, des fois la bêtise combinée à la malhonnêteté rendent la
chose ardue... D’autres
insistèrent (et insistent encore) sur le fait qu’on ne peut tirer de
conclusions définitives sur la base d’essais cliniques. Ce qui est
tout-à-fait juste dans l’absolu mais s’applique mal au cas présent,
étant donnée la parfaite connaissance de cette molécule ! Situation
absurde résumée ainsi par Raoult : « Il y a une urgence sanitaire et
on sait guérir la maladie avec un médicament que l'on connaît
parfaitement. Il faut savoir où on place les priorités. » Face à la
réalité de l'épidémie, il préconise d’arrêter de s'affoler et de
détecter les malades sans attendre que leur cas s'aggrave pour mieux les
traiter.
Le problème va plus loin… La
solitude de la compétence extrême ?! Raoult explique comment Emmanuel
Macron est venu le chercher après sa première annonce publique du 26
février et l’étrange expérience qui a été depuis la sienne dans le
cercle d’experts qui conseille le martial président. A la question posée par un journaliste de Marianne : « Y êtes-vous entendu ? », il répond : « J'y
dis ce que je pense, mais ce n'est pas traduit en acte. On appelle cela
des conseils scientifiques, mais ils sont politiques. J'y suis comme un
extra-terrestre. » C’est
sa certitude, évidemment inconfortable pour les autorités : avec les
mesures prises actuellement contre l’épidémie, on marche sur la tête.
Nos pays ont renoncé (contrairement aux Chinois et aux Coréens) au
dépistage systématique au profit d’un confinement dont le Pr Raoult
souligne qu’il n’a jamais été une réponse efficace contre les épidémies.
C’est un réflexe ancestral de claustration (comme à l’époque du choléra
et du Hussard sur le toit de Giono). Confiner chez eux des
gens qui ne sont pas porteurs du virus est infectiologiquement absurde-
le seul effet d’une telle mesure est de détruire l’économie et la vie
sociale. Un peu comme bombarder une ville pour en éloigner les
moustiques porteurs de malaria… En
Suisse comme en France (et partout en Occident), la décision prise est
de confiner les gens chez eux, malades ou non. Quand ils sont malades,
on attend qu’ils aillent mieux puis (du fait de la durée de portage
viral), on les laisse ressortir alors qu’ils sont en fait encore
contagieux ! Les personnes à risque, elles, développent parfois des
complications, en particulier une détresse respiratoire aiguë qui les
conduit aux urgences. Elles viennent alors engorger les services de
soins intensifs, et, pour certains malades, y mourir alors qu’affirme
Raoult, on aurait pu les traiter avant ! Confiner l’ensemble de la population sans dépister et sans traiter, c’est digne du traitement des épidémies des siècles passés. La seule stratégie qui fasse sens est de dépister massivement, puis confiner les positifs et/ou les traiter, tout comme les cas à risque
puisque c’est possible, comme on le voit en Chine et en Corée, qui ont
intégré l’association de dépistages massifs avec la prescription de
chloroquine dans leurs treatment guidelines. Ni Hong Kong ni Taiwan ni la Corée ni Singapour, territoires qui ont connu les plus faibles taux de mortalité face au Covid-19, n’ont imposé de confinement aux personnes saines. Elle se sont simplement organisées différemment.
La décadence de l’Occident Elle
est hélas criante et révélée ici dans toute sa crudité… Nous disposons
d’une médecine de qualité, mais d’une santé publique moyenâgeuse. Le
leadership technologique et scientifique est passé à l’Extrême-Orient
depuis longtemps déjà, et notre nombrilisme intellectuel nous fait
souvent nous raccrocher aux lanternes du passé plutôt qu’à la science
d’aujourd’hui. Des
tests systématiques seraient faciles à instaurer, pour autant qu’on en
fasse une priorité sanitaire et que l’on s’organise, ce que les Coréens ont fait
en un temps record. En Europe, nous avons été complètement dépassés,
comme si nous vivions dans un autre temps. Les autorités comprennent
maintenant qu’il s’agit d’une priorité absolue -suivant en cela les
recommandations insistantes de l’OMS. Produire les tests ne présente aucune difficulté :« C’est
de la PCR [réaction en chaîne par polymérase] banale que tout le monde
peut faire, la question c’est l’organisation, pas la technique, ce n’est
pas la capacité de diagnostic, nous l’avons, commente Raoult. C’est
un choix stratégique qui n’est pas celui de la plupart des pays
technologiques, en particulier les Coréens qui font partie, avec les
Chinois, de ceux qui ont maîtrisé l’épidémie en faisant dépistage et
traitement. On est capables dans ce pays comme n’importe où de faire des
milliers de tests et de tester tout le monde. » Certes,
des régimes politiques plus disciplinés ou même autoritaires ont un
avantage de compliance sociale, mais la question n’est pas là. Le
problème, c’est bien nous. La France s’enfonce dans des polémiques sans
fin avant même que qui que ce soit ait ouvert la bouche, pendant que son
jupitérien président s’envole dans des pérorations antiques sur
l’« état de guerre » en se contemplant dans un miroir… Dans notre pays,
le Conseil fédéral a réagi sans agitation ni malice, mais en donnant
comme toujours l’impression qu’on le réveillait déplaisamment de sa
sieste. Bref, pour notre pays qui se targue de sa qualité d’innovation et de biotech, c’est encore un peu la fête au village…
Le changement c’est maintenant ?! Heureusement,
on peut espérer que le vent change vite et bien. Le ministère de la
santé français vient de mandater le CHU de Lille pour un essai visant à
répliquer les résultats obtenus à Marseille. Rappelons que des essais
probants ont déjà été menés en Chine et en Corée -mais en France on
tient en général que ce qui vient de l’étranger est indigne du génie
français. Quelques services hospitaliers et leurs médecins-chefs sont
capables d’envisager qu’ils se sont trompés, c’est par exemple le cas du
Pr Alexandre Bleibtreu de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, qui a
tweeté récemment avec humour :
L’intérêt
pour la chloroquine est désormais mondial avec des équipes travaillant
aux quatre coins du monde. Si l’efficacité aujourd’hui très probable du
médicament se confirme, ce sera un major game-changer. Une
fois les personnes à risque de complications diligemment traitées, les
innombrables infections bénignes dues au SARS-CoV-2, que nous serons
très nombreux à vivre, pourvoiront l’immunité de masse qui ravalera
cette « pandémie » au rang de sale mésaventure. Le
dépistage de masse est désormais enfin une priorité sanitaire. Le temps
d’organiser la capacité d’analyses des laboratoires, nous y aurons tous
progressivement droit. Le laboratoire Sanofi vient par ailleurs de
proposer au gouvernement français de produire gratuitement un million de
de doses de chloroquine. Le 22 mars enfin, alors que le gouvernement leur avait enjoint de rentrer dans les rangs, Raoult et six de ses collègues passèrent en force au motif du serment d'Hippocrate et de la scandaleuse passivité des pouvoirs publics :
"Dans le contexte actuel de la propagation de l’épidémie à coronavirus Covid-19 sur le territoire français et dans le monde. Conformément
au serment d’Hippocrate que nous avons prêté, nous obéissons à notre
devoir de médecin. Nous faisons bénéficier à nos patients de la
meilleure prise en charge pour le diagnostic et le traitement d’une
maladie. Nous respectons les règles de l’art et les données les plus
récemment acquises de la science médicale.
Nous avons décidé : ·
Pour les tous les malades fébriles qui viennent nous consulter, de
pratiquer les tests pour le diagnostic d’infection à Covid 19 ; ·
Pour tous les patients infectés, dont un grand nombre peu
symptomatiques ont des lésions pulmonaires au scanner, de proposer au
plus tôt de la maladie, dès le diagnostic : – un traitement par l’association hydroxychloroquine (200 mg x 3 par jour pour 10 jours) + Azithromycine (500 mg le 1er jour
puis 250 mg par jour pour 5 jours de plus), dans le cadre des
précautions d’usage de cette association (avec notamment un
électrocardiogramme à J0 et J2), et hors AMM. Dans les cas de pneumonie
sévère, un antibiotique à large spectre est également associé.
Nous
pensons qu’il n’est pas moral que cette association ne soit pas inclue
systématiquement dans les essais thérapeutiques concernant le traitement
de l’infection à Covid-19 en France."
Pr Philippe Brouqui, Pr Jean-Christophe Lagier, Pr Matthieu Million, Pr Philippe Parola, Pr Didier Raoult, Dr Marie Hocquart
Et si ça marche pas ?! Et
si la molécule ne tenait pas ses promesses ? C’est bien sûr une
hypothèse toujours possible, même si elle est à ce stade peu probable.
D’autres médicaments sont actuellement en voie d’examen, notamment ceux
intégrés dans une grande recherche internationale
et multicentrique visant à tester des molécules antivirales :
remdesivir, lopinavir et ritonavir en combinaison, ce dernier étant
administré avec ou sans interféron bêta. La recherche inclut
l'hydroxychloroquine, étudiée selon le protocole recommandé par Raoult
dans plusieurs centres de compétences en infectiologie clinique comme
par exemple les Université d'Oxford et l'Université du Minesota. Ce
qui est frappant autour de la chloroquine, c’est la religiosité du
débat que cette option provoque -un classique toutefois en science.
Raoult est décrit comme une espèce de gourou (malgré ses états de
service scientifiques remarquables) et on décrit la « croyance » en ce
médicament comme étant l’attente d’un « remède-miracle » qui égarerait
les gens en faisant miroiter des « espoirs impossibles ». Heureusement,
il reste une démarche qui s’appelle la science et qui vise justement à
passer du registre des opinions (chacun voit le monde à sa manière) au
savoir (ce que l’on a éprouvé, vérifié et validé indépendamment des
opinions personnelles). Si
les résultats obtenus à Marseille et Chine se démentent, alors
l'hallucination collective dans laquelle nous sommes engoncés se
poursuivra, avec de très lourdes conséquences sur notre société, notre
économie, notre mode de vie ainsi que notre santé psychique et sociale.
Si en revanche ils se confirment, on aura fait un pas de géant pour
sortir de cette lourde gonfle, et ce sera alors bel et bien « Fin de
partie ! pour le Covid ». Nous aurons appris bien des choses au passage.
Hommage aux autorités Il
n’est pas dans mes habitudes d’être complaisant avec les autorités.
J’ai trop souvent vu les ravages de la flatterie et de la veulerie
(comme de la critique gratuite ou du procès d'intention) pour tomber
dans le piège. Ici, on entend bien des critiques qui me semblent
injustes. Oui, notre système de santé n’en est pas vraiment un, on a une
industrie de la maladie – ce qui n’est pas pareil. Oui, nos réponses
sanitaires sont incroyablement poussiéreuses et même dépassés. Oui, le
Conseil fédéral a des godasses de plomb -ce a aussi d'ailleurs parfois
ses avantages. Mais
je tiens à dire mon sentiment que la réaction des autorités fédérales
et cantonales a été proportionnée à ce que nous savions et ne savions
pas. Il est facile de dire qu’il aurait fallu fermer les frontières il y
a un mois dans un monde où la menace était encore peu visible et où
nous aurions été les seuls à le faire. Tout
fermer conduit inévitablement à un désastre économique et social. En
l’absence des moyens d’appliquer la meilleure stratégie (dépistage –
confinement – traitement), recourir à un « lock-down » est une mesure
archaïque et peu efficace, mais la seule qu'il était possible de
prendre. A
Genève en particulier, le Conseil d’Etat (avec MM. Mauro Poggia et
Antonio Hodgers en première ligne) a été solide, humain, rassurant, et
clair, agissant avec calme et un indéniable sens de la proportionnalité.
Une
fois l'urgence passée, il faudra bien en revanche que l’État rende des
comptes sur la manière dont il aura été complètement pris de court par
un risque sanitaire parfaitement identifié -et avec une situation en
l'occurrence très peu grave par rapport à ce que serait une vraie
pandémie tueuse, le Big One que tout le monde redoute.
Un
peu donc comme si dans une région à risque de tremblement de terre, on
n'avait ni prévu de normes de construction antisismique ni de procédures
de protection de la population !
Il
faudra aussi répondre de l'inaptitude à répondre vite et bien (comme
d'autres nations) en requérant au besoin de manière volontariste sinon
contraignante la mise à disposition de nos capacités industrielles et
scientifiques pour faire ce qu'il aurait fallu. Comme me l'indique un
lecteur, la France a tout de même été jusqu'à il y a peu le leader
mondial de la production de machines d'assistances respiratoires, et sa
capacité pharmaceutique est puissante ! La mondialisation est passée par
là mais ni la puissance industrielle ni le savoir-faire n'ont été
perdus. Ils n'ont juste pas été actionnés.
Un dernière info enfin, qui nous incitera tous je l’espère à la prudence : les dernières données infectiologiques tenderaient à confirmer que les enfants ne sont que très peu porteurs et/ou contaminateurs du SARS-CoV-2.
Si cette hypothèse se confirme, la fermeture des écoles ne serait en
fait pas une mesure nécessaire. Les données que je relaye ici sont
tombées cette semaine. Au moment où la fermeture a été décidée, on les
ignorait- comme je le précisais dans mon blog précédent- il s'agissait
donc d'une mesure de précaution, dont l'indication pourrait être
démentie si les données en question se confirment. Soyons
donc patients et appliqués. Une fois cette hallucination collective
passée, il sera alors temps de faire un rigoureux « post-mortem » des
décisions sanitaires et de chercher à comprendre ce qu’il s’est passé
pour qu’on génère cet invraisemblable gâchis sociétal…