https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/12/28/libra-le-projet-de-monnaie-de-facebook-a-echoue-selon-le-ministre-suisse-des-finances_6024271_3234.html

Lire aussi Défections en cascade chez Libra, le projet de monnaie numérique de Facebook Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Il y a des obstacles redoutables, voire insurmontables, au décollage du Libra » Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Le libra crée un certain nombre de risques pour la stabilité économique et financière »

Le projet de cryptomonnaie du groupe de Mark Zuckerberg est de plus
en plus contesté alors qu’il est censé voir le jour en 2020.
Le ministre suisse des finances, Ueli Maurer, estime que le projet de monnaie numérique de Facebook « a échoué dans sa forme actuelle », d’après un entretien publié vendredi 27 décembre par la chaîne suisse SRF.
« Les banques centrales ne vont pas accepter le panier de devises »
sur lequel le « libra » est censé s’appuyer, a expliqué celui qui est
également le président sortant de la Confédération suisse, une fonction
largement symbolique. Cette déclaration constitue un nouveau coup dur
pour le projet du géant des réseaux sociaux, censé voir le jour en 2020,
mais lourdement contesté par les autorités depuis des mois.
Le
libra sera en théorie gérée par une association indépendante composée
d’entreprises et organisations à but non lucratif, basée à Genève. Mais
début octobre, les services de paiement PayPal,
puis Stripe (ainsi que Visa, Mastercard et d’autres) se sont retirés du
projet, sous la pression croissante des régulateurs américains et
étrangers.
Ils
s’inquiètent en effet de potentielles utilisations malveillantes de la
monnaie, et pointent la mauvaise réputation du géant californien
d’internet en matière de confidentialité et de protection des données
personnelles. Les Etats et banques centrales redoutent aussi de perdre
leur souveraineté : ils sont pour le moment les seuls à avoir le droit
de battre monnaie.
Risque pour le système financier mondial
En octobre, le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, avait annoncé avec ses homologues allemand et italien « un
certain nombre d’initiatives pour marquer clairement que le libra n’est
pas la bienvenue en Europe, parce que c’est notre souveraineté qui est
en jeu ».
Il y a dix jours, une responsable de la Réserve fédérale américaine (Fed) a une nouvelle fois exprimé ses craintes. « Sans
les garanties requises, les réseaux de monnaies numériques stables
(adossées à une devise ou un panier de devises) à l’échelle mondiale
peuvent mettre les consommateurs en danger », avait déclaré Lael Brainard dans un discours à Francfort (Allemagne).
La
taille de Facebook – avec chaque jour environ 2,2 milliards de
personnes qui se connectent à au moins l’une de ses plates-formes
(Instagram, WhatsApp, Messenger, Facebook) – implique que la nouvelle
monnaie pourrait perturber le système financier mondial et rendre la
tâche plus difficile aux banques centrales, avait déjà observé le
président de la Fed il y a quelques mois.
Interrogé en octobre par la Commission parlementaire des services financiers au Congrès américain,
Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, avait répété que le libra ne
serait pas lancé avant d’avoir obtenu tous les feux verts nécessaires
des régulateurs.